Rue Saint-Honoré - Parcelle n°386 (Empire)

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n°386 (actuel) (D. Waquet, 2018)

Numéros successifs de la parcelle

Les numéros de parcelles correspondent le plus souvent aux numéros des maisons (ou immeubles). À Paris, plusieurs systèmes de numérotation des biens fonciers et immobiliers se succèdent de l'Ancien régime à la période contemporaine. Voir leurs principes respectifs. Rue Saint-Honoré, le système de numérotage se complique pendant la Révolution du fait de la mise en place du numérotage "sectionnaire" et parce que cette artère est limitrophe de 7 sections dont chacune a une logique de numérotage particulière. Voir la vue d'ensemble des sections de la rue Saint-Honoré.

Type (période) Terrier (avant 1780) Royal (1780-1791) Sectionnaire (1791-1805) Empire (depuis 1806) Actuel
Numéro n°20 n°356 n°69 n°386 n°386
Rattachement Terrier de l'Archevêché Paroisse Saint-Roch Section Place-Vendôme 1er Arrondissement (ancien) [1] 1er Arrondissement

Correspondance des numéros

  • La parcelle n°20 (Terrier), partie du domaine foncier des Sœurs de la Conception, présente une configuration correspondant à la parcelle n°386 (Empire).

Caractéristiques

  • La maison présente une configuration complexe du fait de l'imbrication de certaines pièces avec les constructions voisines, en particulier les abords et dépendances du couvent. Les experts chargés de l'estimation ont dressé un plan par étage. Les enclaves d'une parcelle dans une autre sont figurées sur des volets rabattants comme le montre la succession des reproductions ci-dessous.
Maison n°356 (Royal) (AN, Q2/119, Plan annexé au rapport d'expertise, 24 août 1790). De G. à D. : rez-de-chaussée, 1er étage et 2ème étage (partie droite sur le n°355). Agrandir

« Cette maison consiste en un corps de logis sur la rue de deux croisées de face, double en profondeur, élevé d'un rez-de-chaussée, deux étages carrés et un étage lambrissé pratiqué sous un comble couvert de tuiles… Sous partie dudit corps de logis est un étage de caves.
Ensuite en une cour pavée en grès avec pente et ruisseau pour l'écoulement des eaux à la rue. Puits mitoyen à droite dans l'angle du susdit corps de logis… Sous ladite cour est un berceau de cave.
Dans l'angle à gauche de ladite cour est un petit appentis servant de logement de portier, élevé d'un rez-de-chaussée et comble au-dessus couvert en tuiles …
En aile à droite de ladite cour est un édifice de deux croisées de face et de même élévation que le précédent avec comble couvert de tuile …
À la suite dudit corps de logis et vers la rue est un édifice dépendant des lieux clostraux de même élévation que celui sus désigné sur la rue et d'une croisée de face avec comble couvert de tuiles à deux égouts, dans lequel corps de logis le rez-de-chaussée et le premier étage dépendent du couvent et font partie des lieux clostraux et les deux étages supérieurs, y compris celui lambrissé sont occupé par le locataire de ladite maison.
En retour et au fond de ladite cour est un autre édifice élevé d'un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage lambrissé pratiqué sous un comble couvert en ardoise en appentis, jetant ses eaux … sur le comble d'un petit édifice en retour dont sera ci-après parlé.
Sous ledit édifice est un berceau de cave qui ne fait qu'un seul et même avec celui susdit sous la cour avec arc en pierre sous le mur de face dudit édifice pour le supporter.
Au derrière dudit édifice est un petit corps de bâtiment faisant enclave sur la cour du couvent. Élevé d'un rez-de-chaussée, un étage carré et grenier au-dessus avec comble couvert de tuiles …
En retour à gauche est un petit corps de bâtiment formant enclave sur la maison voisine. Élevé d'un rez-de-chaussée, un étage lambrissé avec comble couvert de tuiles …
Au-devant dudit petit corps de bâtiment et à gauche de l'édifice susdit en est un autre élevé seulement d'un rez-de-chaussée monté en arrêtiers et couvert en terrasse dallée en pierre dont les eaux s'écoulent par une gargouille dans la cour de la maison voisine et fermé … par un treillage.

Rez-de-Chaussée : Le rez-de-chaussée de ladite maison est appliqué à un passage de porte cochère plafonné et pavé de grès fermé d'une porte en menuiserie à panneaux à deux vantaux avec guichet, châssis et grille dans le panneau cintré du haut. À gauche est l'escalier montant construit en charpente et maçonnerie à nazeau pleine avec rampe de fer à barreaux droits et descente de cave au-dessous. Dans le mur à droite mitoyen avec le couvent est une baie de communication au passage de porte cochère dudit couvent fermée d'une porte pleine en menuiserie… La loge du portier …
Le rez-de chaussée à droite dépendant des lieux clostraux, nous n'en ferons aucune description.
À droite dudit vestibule une écurie pour quatre chevaux avec mangeoire et râtelier, voutée en arrêtiers, pavée en grès avec pente et ruisseau pour l'écoulement des eaux dans la fosse au-dessous du cabinet d'aisance susdit…
Premier étage : Le premier étage est composé, dans le corps de logis sur la rue d'une antichambre sur la cour et d'un salon sur la rue ; dans l'aile et dans le corps de logis du fond d'une salle de billard sur la cour, salle à manger éclairée sur la cour par une croisée ouvrante avec grille de fer d'un cabinet ensuite éclairés aussi sur la cour chacun par une croisée ouvrante à barreaux de fer, chambre à coucher à gauche, à cheminée, avec alcôve et garde-robe éclairée sur une terrasse, à la suite de laquelle dans le corps de bâtiment à gauche est une pièce sans cheminée.
Deuxième étage : Il consiste dans le corps de logis sur la rue en une antichambre sur la cour, un salon, deux garde-robes, à gauche de l'antichambre une pièce à cheminée sur la rue au-dessus du parloir du couvent, dans l'aile est une seule pièce à cheminée sur la cour.
Troisième étage : Il est composé, dans le corps de logis sur la rue, de cinq pièces lambrissées dont deux au-dessus du parloir avec escalier dérobé descendant au deuxième étage et dans l'aile en un grenier précédé de deux pièces lambrissées ». (Archives Nationales, Comité d'aliénation des biens nationaux, MM. Maugin et Normand, experts, Rapport d'expertise Nord de Paris, 3ème subdivision, 10è lot, maison n°356 [Kreenfeldt-Royal], 26 août 1790.)

Voir sur archive.org la transcription complète du rapport par Dominique Waquet (décembre 2020).

  • Un appartement de cette maison est succinctement décrit dans les annonces ci-dessous vraisemblablement publiées au nom de Mme Lemaire, locataire, depuis le 1er janvier 1793, de cette maison n°69 (S. Pl. Vend.) et de l'ensemble du couvent, cloitre, église, jardins et bâtiments voisins au n°70 et 71 [S. Place-Vendôme] (voir ci-dessous).
    • « Gd Appartement composé d'une anti-chambre, salon, salle de billard, 2 Ch à coucher, lieux à l'angl., boudoir, jolie terrasse, salle-à-manger, cabinet de toilette, cuisine, remise et écurie. Prés. bien meublé & les meubles à vendre. Appt. à louer au n°356 [Royal] » . (Affiches, 24 janvier 1793, p. 339).
    • A louer «  Gd Appartement composé d'une antichambre, salon, salle de billard, salle-à-manger, 2 chambres à coucher, lieux à l'ang., boudoir, jolie terrasse, cabinet de toilette; Rem & écurie. prés. meublé si l'on veut. les meubles sont à vendre. R. S. Honoré, n°356, vis-à-vis de l'Assomption. » (La Feuille du Jour, 2 août 1792, p. 3. Affiches, 4 février 1793, p. 483).

On note qu'il n'est porté aucune indication sur l'intermédiaire à qui s'adresser.

  • Les maison n°384 et 386 (Empire et actuel) se trouvent sur la parcelle aujourd'hui cadastrée BC 8.

Propriétaire(s) avant 1789

Les Sœurs de la Conception, sont propriétaires de cet immeuble, maisons n°69 (S. Place-Vendôme), antérieurement partie de leur maison conventuelle, d'après la description des experts en 1790 (voir ci-dessus). (Sommier des Biens nationaux, art. 548 et 549, p. 171). Elle « est tenue à loyer par M. Hantier qui l'occupe toute entière, en vertu du bail passé par-devant Me Choron et confrère notaires à Paris le 25 février 1788 pour 9 années entières et consécutives à commencer le 1er avril 1788 moyennant le prix et somme de 2 400 f. » (AN, Q2/119, Id., f°3, v°).

Propriétaire(s) Révolution-Empire

  • Le Domaine National. Le Domaine loue pour 73 100 f. l'ensemble immobilier composé des n°69, 70 et 71 (S. Place-Vendôme) le 1er janvier 1793 pour 3, 6, 9 ans à Desmagny, prête-nom de Mme Lemaire, née Anne Tardieu et veuve en premières noces de Claude-Denis Jousserandot. Le bail est renouvelé le 17 germinal an IV au nom du Cn Lemaire pour 3, 6, 9 années (Sommier, art. 548 et 549, p. 171, Éclaircissements art. 548-549, p. 214-215).
  • Devinck et Taffin, Bd de la Madeleine achètent le 5 fructidor an V, pour 365 000 f. les maisons n°69, 70 et 71 (S. PL.-Vend.) et le 8 messidor an V les jardins de la congrégation (Sommier, art. 548 et 549, p. 171, Éclaircissements art. 548-549, p. 214-215).

Propriétaires à partir de 1810

Jobert, propriétaire des parcelles n°386 (Empire) et n°3 et 5 (Empire) rue Duphot (AN, F/31/7/283).

Occupants

  • Aremberg (d’), duchesse, n°356 (Royal) (1788) (L)(P)(H).

Marie-Françoise Le Danois(1757-1810), mariée en 1774 à Auguste-Marie-Raymond (1753-1833), prince d'Arenberg, seigneur de Lummen, de Raismes (1784-1789), grand d'Espagne de 1ère classe, plus connu sous le nom de Comte de La Marck, lieutenant-général, diplomate et député aux États généraux de 1789. (Firmin-Didot, Nouvelle biographie, t. 3, col. 83-86 ; Voir la notice Wikipédia sur la Maison d'Arenberg. Voir la notice Wikipedia sur Auguste-Marie-Raymond d'Arenberg. Elle est la belle-sœur de Louis-Engelbert d'Arenberg . Elle a employé Alexis Moreuil comme maître d'hôtel.

  • Delatre, associé à Ville, marchand d'eaux-de vie, n°69 (Place-Vendôme) (1794) (Affiches, 7 vendémiaire an III, [28 septembre 1794], p. 108).
  • Fabre, femme de chambre n°356 (Royal) (1794).

« Femme de chambre d'âge mur sachant coëffer, blanchir les linons, faire les robes et les ajustements de femme, désirerait être placée à Paris. S'adres. Ctne Fabre, n°356, face au dôme de l'Assomption. » (Affiches, supplément au n° du 26 germinal an II [15 avril 1794], p. 7162).

  • Fouquier-Tinville, Antoine-Quentin, homme de loi, puis substitut de l’accusateur public au tribunal criminel du département de Paris, puis accusateur public du Tribunal Révolutionnaire, n°356 (K) (1792, 1793).

Antoine-Quentin Fouquier, dit Fouquier-Tinville (1746-1795) est procureur au Châtelet jusqu’en 1783 puis homme de loi après avoir vendu sa charge. Grâce à Camille Desmoulins, à qui il se présente comme un lointain parent, il est nommé directeur du jury d’accusation du tribunal criminel d’exception chargé de juger les royalistes ayant manifesté le 10 août 1792 (Lettre de sollicitation d’un emploi de A-Q Fouquier à C. Desmoulins, datée du 20 août 1792 ; Édouard Fleury, Camille Desmoulins 1760-1794, Laon, Fleury et Chebergny, 1850, p. 141. Archive.org). Veuf en 1782, remarié quelques mois après avec Henriette Gérard d’Aucourt avec qui il a deux enfants s’ajoutant aux cinq de son premier mariage avec Dorothée Saugnier, il occupe successivement plusieurs logements, boulevard Saint-Antoine (1785), rue Vieille-du-Temple (1786), rue Sainte-Croix-de-la Bretonnerie (1788), rue de la Croix-Neuve (1790), rue des Enfants-Rouges (1791), rue de Chartres (début 1792) puis à l’été de la même année le n°356 (K) rue Saint-Honoré, adresse apposée après sa signature sur la lettre précitée d’août 1792 et sur une quittance fiscale de cette même année (AN, T 28/1, cité par G. Lenotre, Le tribunal révolutionnaire, p. 46) et sur sa lettre d’acceptation (AN, BB/4 bis/25, cité par Lenotre, Id., p. 69). Cette maison, ci-devant propriété des Dames de la Conception appartient alors à la Commune de Paris.
Une fois élu substitut de l’accusateur public du nouveau tribunal criminel composé en mars 1793 il devient accusateur public par désistement du titulaire, et notifie son acceptation le 29 mars 1793 par une lettre à Gohier, ministre de la Justice, où figure la même adresse n°356, rue Saint-Honoré (G. Lenotre, Id., p. 69). Vraisemblablement après le procès de Marie-Antoinette, soit vers la mi-octobre 1793, Fouquier-Tinville, pour se rapprocher du tribunal, quitte la rue Saint-Honoré [seul ou avec sa famille ?] et s’installe place Dauphine (G. Lenotre, Id., p. 149, n. 1). Le 25 floréal an II [14 mai 1794] il rejoint le Palais de Justice où par arrêté du Comité de Salut Public, il bénéficie, es-qualité, d’un logement de fonction dans les étages supérieurs de la Tournelle qu’il occupe jusqu’à son arrestation le 14 thermidor an II [1er août 1794] (G. Lenotre, Id., p. 237-239).

« Du 2 fructidor an VIII, renonciation de Geneviève-Louise-Sophie Fouquier [née en 1778 de Dorothée Saugnier (AN, T/28/1)], à la succession d'Antoine-Quentin Fouquier, son père, demeurant à Paris, rue Honoré, n°81. » (Journal du Palais, n°1, 5 vendémiaire an IX, p. 6).
Note : Cette adresse au n°81 [Section ?] est sans aucun doute celle de Geneviève Fouquier en l’an IX.

  • Garnier, Cit. n°356 (Royal) (1793).

Cherche un portier pour le n°356 (Affiches, 11 août 1793, p. 3362), (Id., 8 septembre, p. 3750).

  • Hantier (ou Hautier), locataire principal et seul occupant en 1790, n°356 (Royal) (1788, 1790).

Le bail est signé le 25 février 1788 pour rendre effet le 1er avril 1788 (voir ci-dessus) (AN, Q2/199, Id.).

  • Lacour, Ctne n°356 (Royal) (1793).

« A perdu son petit chien lion épagneul, tondu à moitié du corps, les soies longues et très blanches taches noires sur le corps et la queue, oreille brunâtre et l'autre blanche, les 4 pattes tondues ainsi que le museau. Récomp. n°356 vis-à-vis de l'Assomption. » (Affiches, 11 octobre 1793, p. 4299).

  • Moreuil, Alexis, employé au bureau de liquidation des rentes, s. n° (1794).

Alexis Moreuil, né à Ferrières (Somme), âgé de 49 ans, ancien maître-d'hôtel du comte de Lamarck, employé au bureau des rentes de la commune, condamné comme conspirateur et exécuté le 16 prairial an II [4 juin 1794] (Liste des condamnés sur la place de la Révolution, vol 3, p. 3 ; Victimes, 1212, p. 66).

  • Ville et Delatre, marchands d'eaux-de vie, n°69 (Place-Vendôme) (1794) (Affiches, 7 vendémiaire an III, [28 septembre 1794], p. 108).

Résidents

Visiter les parcelles voisines

Parcelle contiguë vers l'Ouest Cette parcelle Parcelle contigüe vers l'Est
n°388 (Empire)
n°386 (Empire)
n°384 (Empire)
Parcelles en vis-à-vis côté Sud
n°371 (Empire)
n°371 (Empire)
n°371 (Empire)

Notes et références

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  1. 3ème Quartier, Place-Vendôme ; Ilots 3 et 4 (AN, F/31/74/27). Voir le plan parcellaire en ligne.