1854 Anonyme, "Enclos Saint-Jean de Latran"

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A retranscrire

p. 183

Après le savant article qui précède le nôtre, que le lecteur nous permette, à nous dont le mérite consiste à raconter, fidèlement ce que nous avons vu et entendu, de tracer la physionomie de l'enclos depuis quarante ans, et de lui rapporter les traditions qui s'y sont conservées. On a déjà trouvé autrefois bien de l'or et de richesses dans les bottes d'anciens chevaliers, nous a dit la mère Meunier, brave femme qui a exercé pendant quarante ans l'état de chiffonnière dans l'enclos, et se trouve aujourd'hui portière dans une des rues voisines, et l'on trouvera bien des choses encore lorsque on arrivera aux caveaux, et surtout aux tombeaux des chevaliers.

Toutefois, la mère Meunier n'a pu nous citer une seule des personnes que des trouvailles de ce genre auraient enrichies; mais elle a été plus explicite sur les cachots de la commanderie. Elle a vu des caveaux, espèces d'inpace formés en entonnoir, et dans lesquels un homme avait peine à se tenir debout; et un vieillard lui a parlé à différentes fois de la connaissance parfaite qu'il avait des cachots souterrains, parce qu'il y était venu très souvent seul, quelquefois avec sa mère, visiter son père qui était retenu prisonnier dans les cachots de.la commanderie. Les cachots décrits par la mère Meunier sont conformes à ceux en usage dans la vie monacale, et quant aux prisonniers, nous savons que la commanderie avait le droit de haute et basse justice, et les papiers trouvés récemment sont peut-être les jugements de ce tribunal, qui prenait pour archives les vides formés par les ogives de la salle du jugement, qui devait se trouver dans l'un des étages de la cour.


p. 188

M. Charrière occupe aujourd'hui 140 ouvriers dans ses ateliers intérieurs et 400 au dehors, tant à Paris qu'en province.

Malgré la misère qui règne en général dans l'enclos, on ne le voit point désigné dans les annales du crime, et il ne servit jamais de refuge aux voleurs ou aux classes dangereuses: on n'y signale point non plus de suicides. L'amour du gain et l'ambition y règnent, mais ils s'y manifestent sous des formes différentes de celles que l'on \'ud dans d'autres régions. En un jour on veut réaliser de grands bénéfices, on y tente la fortune par un coup de dé, et en un jour aussi on est riche ou on est arrivé au déshonneur que couronne souvent le suicide. Dans le clos Saint-Jean de Latran, c'est par la persévérance et les privations que l'on monte à la fortune: comme le chiffonnier Gilbert, on met quarante ans à arriver; la route est longue, mais elle n'égare jamais ceux qui ont le courage de la suivre.