1855 Troche, "Notice sur l'enclos Saint-Jean de l'Hopital dit de Latran"

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Troche (Nicolas-Joseph), Notice sur l’Enclos de Saint-Jean de Latran, par M. Troche, membre titulaire de la Société historique de Saint-Grégoire de Tours. (Extrait de la « Revue catholique »), Versailles, imprimerie de Beau jeune, rue [de] Satory, 28, 1855, 16 p.

Nicolas-Joseph Troche, chef de bureau d’état-civil à Paris et amateur féru d’archéologie parisienne est originaire de Dieppe. Il est âgé de 65 ans lorsqu’il se rend en 1854 au presbytère de Saint-Roch pour y lire, devant les quelques membres assemblés de la très catholique Société de Saint-Grégoire de Tours, sa fameuse Notice sur l’Enclos de Saint-Jean de Latran (1855). La date de publication n’est pas indifférente puisque la percée de la nouvelle rue des Écoles marque alors un pas supplémentaire et quasi-définitif dans l’éradication de l’enclos avec la destruction, à partir du 12 novembre 1854, de la grosse tour carrée que notre archéologue, sûr d’être remonté aux formes primitives de l’ilot agrégé par la commanderie médiévale « Saint-Jehan à l’ospital », n’hésite pas à baptiser « antique tour des Pèlerins ». La formule, assurément moderne et sans doute plus accrocheuse que réfléchie, visait à mobiliser son public « pour la conservation de l’antique tour des Pèlerins, qui se dressait, depuis environ sept siècles, au centre de ce manoir religieux et militaire » (Troche 1854:177). Troche n’était pas seul alors à mener croisade pour sauver ce que le Baron Ferdinand de Guilhermy, à qui il avait offert un exemplaire dédicacé de sa Notice sur l’enclos..., préférait nommer, avec ses collègues archéologues, architectes et historiens de l’art du Comité de la langue, de l’histoire et des arts de la France, la « tour féodale ». C’est qu’en effet les « archéologues les plus distingués » se sont très tôt mobilisés (dès mai 1854) pour préserver le monument médiéval et partageaient le sentiment suivant lequel il importait de distinguer au sein de l’enclos « l’hideux assemblages de cabanes sordides » des édifices ayant une « valeur historique ou monumentale ». Si « la disparition de tous ces bouges hideux ne peut donner de regret ni à l’historien ni à l'artiste, ni à l'archéologue » (Troche 1854:9), il en allait tout autrement de la tour monumentale.

Voici une des précieuses fleurs de la couronne monumentale du vieux Paris disparue et anéantie sous le vent de la destruction qui souffle depuis bien longtemps sur nos antiquités.

On comprendra facilement que sous ce style figuré, il s’agit moins de regretter l'enclos de Saint-Jean de Latran riche en souvenirs historiques, mais devenu un hideux assemblage de cabanes sordides, que d’exprimer, au nom de tous ceux qui étudient les mœurs et la théorie de l'art par les monuments anciens, notre étonnement d’avoir vu à Paris, foyer de toutes les sciences, tomber l’antique tour des Pèlerins, bâtie sous Louis le Jeune (1137-1180), au centre de ce manoir religieux et militaire, de ce dernier souvenir des Templiers, l’une des 45 commanderies qui constituaient le grand prieuré de France de l’ordre de Malte. Le malheur de cette tour fut de se trouver, non pas précisément dans l’axe de la nouvelle rue des Écoles, qu’on perce en ce moment sur la terre classique de l’ancienne Université de Paris, mais sur la limite des constructions qui vont s'élever sur le parcours de cette voie monumentale.

Quoique d'un caractère abrupt dans son aspect et sa forme massive, ce monument qui tenait beaucoup à l’architecture militaire du moyen âge, offrait un immense intérêt pour l'étude, par sa condition technique et les divers souvenirs historiques qui lui étaient propres ; et si elle n’avait pas toute la valeur artistique de la tour de Saint-Jacques la Boucherie, plus jeune d’environ 337 ans, du moins elle se recommandait à la bonne volonté d'un conseil municipal ami des gloires de la ville de Paris, par un autre mérite : par le nom de tour Bichat qu‘elle portait authentiquement.

« La tour de Saint-Jean de Latran, ou de Bichat… n’a pas les mêmes mérites que la tour Saint-Jacques la Boucherie, disait naguère un savant publiciste [1]. Sa beauté est forte et massive ; mais aussi elle n'est pas à côté de la brillante rue de Rivoli : elle est à côté de la rue des Écoles elle est en face du collège de France. Pourquoi dans la place qui va s'ouvrir devant le collège de France et qui comprendra une partie de la cour de Saint-Jean de Latran et la vieille tour des Templiers ; pourquoi cette vieille tour ne resterait elle pas debout pour attester les vieux souvenirs de Paris, dans ces quartiers qui se transforment comme tous les autres, qui s'éclairent, qui s’assainissent ; et, nous ne nous en plaignons certes pas, mais qui peuvent sans aucun embarras garder, en face même de leur métamorphose, un témoignage de leur ancien état ? »

Cet éloquent plaidoyer auquel nous n'avons rien à ajouter n'a pas suffi pour conserver l'antique tour hospitalière des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, successeurs des Templiers.

Une fois de plus, on a vu avec quelle rapidité procède le marteau démolisseur : en quinze jours l'œuvre de destruction a été consommée, et il ne nous reste à enregistrer qu'un souvenir à la suite de celui de tant de vieux monuments de Paris qui faisaient sa gloire et dont aujourd’hui tout ce qu'on peut écrire sur leurs fastes passe à l'état de nécrologie.

Les croisades, ces mémorables expéditions formées anciennement par les rois et par les peuples catholiques, pour conquérir les lieux saints, donnèrent naissance à deux ordres religieux qui devinrent bientôt célèbres : les frères de la milice du Temple, dits Templiers ; et les hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, appelés aussi chevaliers de Rhodes [2], puis, plus tard, vers le commencement du XVIe siècle, chevaliers de Malte [3]. Les Templiers, plus soldats que religieux, veillaient à la sûreté des chemins et devaient surtout escorter et défendre l'épée à la main les pèlerins qui allaient visiter la Terre-Sainte. Les hospitaliers de Saint-Jean, se rapprochant davantage de l'état religieux, devaient loger les pèlerins dans les villes qu'ils traversaient, les soigner et leur fournir les moyens-de continuer leur route. C'était donc justement qu'ils prenaient quelquefois dans leurs actes publics le titre de Gardiens des pauvres du Christ [4]. C’est pourquoi leur établissement, fondé à Paris sur une partie du territoire appelé le clos Bruneau [5] : établissement qui tenait du couvent et de l'hospice, était assez généralement désigné dans les titres sous le nom d'Hôpital. L'auteur qui, au XIIIe siècle, a mis en vers la liste des églises de Paris, appelle celle des chevaliers de Saint-Jean « Saint-Jehan à l’ospital » [6].

La date précise de leur établissement à Paris est encore un fait de l'histoire ecclésiastique de ce diocèse demeuré incertain. Il est probable qu'ils ont été institués par le roi Louis VII, au retour de sa croisade en Orient, en 1149[7]. Le premier acte authentique qui fasse mention de leur maison hospitalière, est une charte de Guillaume de Champagne, archevêque de Sens, métropolitain de Paris, et légal du Saint-Siège, dressée au palais archiépiscopal de Sens, l'an 1171, en présence des évêques Maurice de Sully, de Paris ; Manassès II, d'Orléans ; Etienne, de Meaux ; Bernard de Saint-Sauge, de Nevers ; tous quatre suffragants de la province ecclésiastique de Sens, et en présence aussi de plusieurs autres chefs d'Ordres ou supérieurs ecclésiastiques de la même province.

Cette charte, inscrite au grand Pastoral de Paris, A, f°. 820, L 21, porte transaction entre les hospitaliers et le chapitre de Saint-Benoit, sur certains droits, privilèges, coutumes et usages liturgiques et curieux y détaillés. Le métropolitain y parle de la commanderie de Saint-Jean comme d'un établissement préexistant, d'où il paraît résulter que les hospitaliers possédaient plus ou moins antérieurement à l'année 1171, sur la censive de Saint-Benoit, membre de l’Église de Paris, des maisons au centre desquelles ils avaient élevé une chapelle, et que ces maisons étaient [lès l'origine grevées d'une rente de onze sous et de deux muids de vin qu'il payaient au chefecier de saint Jean.

Ces vieilles contestations entre le chapitre paroissial et la commanderie de Saint-Jean, au sujet des droits d‘offrande et de sépulture, se ravivèrent devant le grand conseil, en août 1749, à cause d'une revendication des droits de juridiction sur tout l'enclos de Saint-Jean de Latran, formée par le chapitre de Saint-Benoît, représenté par Jean Bruté docteur, en Sorbonne, qui invoqua la charte de 1171 précitée[8].

La commanderie des chevaliers hospitaliers de Saint-Jean consistait dans l'enclos qu'on vient de démolir ; cet enclos [9] occupait le vaste carré, presque équilatéral, compris entre les rues Saint-Jacques, de Saint-Jean de Beauvais, des Noyers, et la fontaine Saint-Benoît, place Cambrai. Dans cet espace s'élevait autrefois, au milieu de jardins, un grand logis au style lourd et bâtard, construit pour le commandeur pourvu de ce bénéfice, sous le magistère de Jacques de Souvré, vers 1650. Diverses maisons irrégulières, sans aucune valeur artistique, bordaient la cour principale. Nous devons toutefois en excepter un long bâtiment parallélogramme, voûté en arêtes et divisé en deux nefs par un rang de colonnes monocylindriques, isolées entre deux rangs de colonnes engagées, de même style, toutes avec bases et chapiteaux supportant des arcs en plein cintre [10] Ce bâtiment était probablement l’ancienne grange aux dîmes de la commanderie, l'intendance, l'officine et le garde-meuble de la maison. Complètement dénaturé par les particuliers qui en étaient devenus propriétaires dans ces derniers temps, et divisé en boutiques et en chambres, l'existence de cet édifice en style mixte renaissance ne se révélait plus que par quelques fragments de murs de grand appareil, bordés d'un cordon taurique très-saillant, et quelques fenêtres à meneaux croisés.

Pendant la démolition, nous avons vu, dans une pièce au rez-de-chaussée vers le milieu de la cour, en face du flanc méridional de l'église, et ayant servi d'atelier de forgeron, des colonnes monocylindriques en pierre, soutenant le plancher supérieur, et qui rappelaient que là existait jadis la salle capitulaire des chevaliers de Saint-Jean.

La haute tour carrée ou donjon qui fait l'objet principal de ce travail s’élevait à gauche en entrant dans la cour principale. Le fond de cette même cour était occupé par l'église et le petit cimetière paroissial des habitants de l'enclos.

Les possessions de la commanderie de Saint-Jean comprenaient, en outre, la jouissance de deux maisons de plaisance d’une certaine importance. L'une, appelée vulgairement l'hôtel Jaune, par corruption pour l'hôtel Zône, était le siège du fief de Lourcine, dans la rue de ce nom, au faubourg Saint-Marcel. Elle avait pris ce nom, suivant Sauval, d’un commandeur qui avait résolu d'aller naviguer jusqu’à la zône torride ; l'autre était située hors de la fausse porte Saint-Jacques, dans la plaine de Mont-Souris, ou Mange-Souris, sur le chemin de Bourg-la-Reine ; on la nommait la Tombe Isoire, ou Isoard[11]. Cette maison extra muros était, au temps de sa gloire, accompagnée d'un colombier, marque de distinction féodale, comme les girouettes ; d'un moulin à vent, en pierre de taille, de sept vingts (140) arpents de terres labourables, franches de dîmes, avec la dépouille de quatre arpents de prés sur le territoire paroissial de Gentilly [12]. Le vent des révolutions a soufflé sur toutes ces choses : la maison féodale de la Tombe lsoire, après avoir servi comme dépendance des catacombes, à recevoir une précieuse collection des monuments funéraires des anciens cimetières paroissiaux supprimés dans Paris, est depuis plus de trente ans transformée en cabaret [13]. Des travaux exécutés vers 1805 dans l'intérieur de l'enceinte de la Tombe lsoire, tirent découvrir un escalier souterrain communiquant à des cryptes ou catacombes qui avaient, dit-on, servi primitivement de sépulture aux hospitaliers de Saint-Jean, et ensuite aux ‘Templiers, (L. Héricart de Thury, Descript. des Catacombes, page 364, in-8°, 1815).

Le commandeur de Saint-Jean de Latran figure le quinzième dans la liste des vingt-cinq seigneurs hauts-justiciers, inscrits en tête du rôle des huit-vingt-cinq seigneurs, qui prétendaient : les uns justice et censive, et les autres, censive seulement, dans la ville et les faubourgs de Paris [14]. "Les seigneurs hauts-justiciers avaient leurs juges particuliers , leurs prisons, leurs poids et leurs mesures. Comme ils avaient aussi droit de voierie, ils avaient également a part leur officier-voyer. En 1674, Louis XIV supprima toutes ces petites justices seigneuriales et les réunit au Châtelet, à son tour supprimé par la loi du 7 septembre 1790, qui créa les tribunaux de première instance) Il y est dit qu'il exerçait ce droit de suzeraineté sur neuf rues, y compris sans doute celles du fief de Lourcine [15]. Ainsi le chevalier de l'Ordre pourvu de cette commanderie, exerçait la haute, moyenne et basse justice dans son enclos ; et, à part de sa destination hospitalière, la tour ou donjon qui y dominait, était l'attribut distinctif de ce pouvoir féodal. Le blason armorial de Saint-Jean de Jérusalem, qui portait de gueules, à la croix d’argent, apparaissait sur les points les plus évidents des édifices de la commanderie, quelquefois réuni à celui du commandeur.

L'habit de l’ordre était un manteau noir avec une croix blanche à huit pointes sur le côté gauche. Il fallait être de haute noblesse pour parvenir aux premières dignités.

Par la qualité de seigneur haut justicier attachée à ce bénéfice, l’enclos de St-Jean de Latran était un lieu privilégié dans lequel, comme dans celui du Temple, les artisans pouvaient travailler pour leur compte sans avoir été reçus maîtres dans les communautés des arts qu’ils exerçaient, et chez lesquels les maîtres ou les syndics des métiers ne pouvaient aller faire visite.

Il est évident que l'ordre de St.-Jean de Jérusalem succédant à celui des Templiers, il aura aussi succédé à toutes leurs prérogatives ; mais on ignore qui avait donné à ces derniers un droit dont les souverains ont toujours été avares et jaloux ; droit qui, pour ce qui concerne la commanderie de St.-Jean de Latran, s'étendait avec toutes ses conséquences, même le droit d'asile, au fief de Lourcine. Or, comme au XVIe siècle le commerce était assez fructueux pour ceux qui, dans ces lieux vivaient et travaillaient sans charges, à l'ombre du privilège ; le nombre de ces industriels augmentant, les maîtres de l'établissement, dans un but tout populaire, entassèrent successivement dans les places vides de leur enclos, des constructions chétives, leur permettant même d'adhérer à la tour et à l'église. Car, déjà alors, l'émulation esthétique des tours, des beffrois et des églises s’épuisait ; l'intérêt et le lucre commençaient à prévaloir, en même temps que l'art dégradé se dépopularisait. A mesure que la décadence s'avançait, on perdait toute idée du grand et du noble.

L'enclos de St.-Jean de Latran n'avait jamais été bien somptueux ; mais cependant, comme établissement annexe du grand Prieuré de France, puisque plusieurs de ses commandeurs devinrent grands prieurs du Temple, il comptait toujours à la tête de ses habitants quelques hommes d'un rang distingué, qui, après de longs et glorieux services rendus à la religion et à l’État, venaient y chercher le repos. Mais le plus grand nombre se composait de marchands, d'artisans et d'ouvriers. Beaucoup de débiteurs contre lesquels il y avait sentence de prise de corps, venaient aussi dans ce refuge privilégié se soustraire aux atteintes des suppôts de la justice consulaire. En 1789, l'enclos n'était plus guère habité que par des gens de classe inférieure.

Le décret de l'assemblée nationale des 2-4 novembre mit dans les mains de la nation tous les biens ecclésiastiques. Puis, la constitution civile du clergé des 12 juillet et 24 août 1790, supprimant les chapitres, monastères, abbayes, etc., marquèrent la dernière heure de la commanderie de St.-Jean de Latran, qui devait infailliblement subir le sort de toutes choses dans ce désastre général. Les agents du domaine ne pouvant suffire simultanément à l'accomplissement des formalités préalables de cette immense confiscation, l'antique domaine hospitalier demeura sept ans sous le séquestre après l'expulsion des membres de l'ordre et la profanation de l'église. Enfin une faible partie fut vendue le 11 thermidor an V (29 juillet 1797) ; et tout l'enclos, mis à l'encan, fut aliéné en sept lots le 9 pluviôse an VI (28 janvier 1798). Si les nouveaux propriétaires daignèrent conserver quelque temps encore les deux monuments les plus intéressants de la commanderie, ce fut en les mutilant, pour en sacrifier les parties les plus précieuses à des usages ignobles mais productifs, sauf à détruire plus tard, suivant leur intérêt, le reste de ces illustres ruines.

L'enceinte de l'ancienne commanderie était devenue un véritable cloaque tout encombré de vieilles maisons, hautes et basses, aux murs suintants et aux exhalaisons méphytiques. A part quelques industries ou petits commerces, ces repaires ténébreux, sorte de frontispice initiatif aux misères du faubourg St-Marcel, étaient habités par une population indigente, vivant néanmoins sans souci et sans inquiétude ; pour qui une journée passée à la barrière est une compensation suffisante à tout ce qu'elle souffre. Or, la disparition de tous ces bouges hideux ne peut donner de regret ni à l’historien ni à l'artiste, ni à l'archéologue.

Il n'y avait autrefois dans l'enceinte de St-Jean de Latran, ainsi que nous l’avons dit, que quatre édifices ayant plus ou moins de valeur historique ou monumentale : la tour féodale, l'église, le logis du commandeur et la grange aux dîmes. Des deux derniers, il ne restait naguère que des substructions, des parties de murs et quelques débris informes compris dans les constructions modernes qu'on vient de démolir. La tour bien délabrée extérieurement, la nef de l'église, tout entière, et la chapelle baptismale, étaient les seuls vestiges historiques demeurés debout. Nonobstant que cette tour ait été rasée en décembre 1854, essayons de décrire ces vieux édifices et de prouver combien ils étaient dignes de la sollicitude des hommes sérieux qui aiment l'étude de nos vieux monuments religieux et nationaux.

Selon le régime féodal introduit en France au Xe siècle, les chevaliers de St.-Jean de Jérusalem commencèrent leur établissement sur le clos Bruneau par la construction d’une petite forteresse composée de cette unique tour, illustration du quartier, distante alors des autres bâtiments, bien que liée sans doute à des constructions accessoires moins élevées. Puis ils environnèrent leur enclos d’une enceinte de murailles dont nous croyons avoir vu quelques restes servant de base à des maisons formant ceinture vers la rue St-Jean de Latran.

Cette tour, destinée tant à la commanderie qu’à héberger les pèlerins, et bâtie en moyen appareil régulier, est évidemment de la seconde moitié du XIIIe siècle. Dans son ensemble, d’un caractère mixte, ou semi-religieux et militaire, elle n'offrait extérieurement qu’une masse de maçonnerie sans sculptures ni ornements autres que des cordons de pierres inclinées. Son plan était un carré long dont les faces les plus étroites regardaient l'est et l’ouest. L’épaisseur des murs était d'environ l mètre. Toutes les ouvertures avaient subi des dégradations qui en avaient dénaturé la forme et les dimensions. Il ne restait aucun indice certain sur la forme et la hauteur de la toiture qui, peut-être aiguë ou conique, s’élevait au-dessus de la ligne quadrangulaire et crénelée de ce donjon.

Après la démolition des maisons de l'enclos, ce vieil édifice se trouvant ainsi débarrassé des ignobles masures dont l'adhérence compromettait encore sa solidité, apparaissait dans un état de décrépitude qui pouvait assurément refroidir un peu l'intérêt que les artistes et les archéologues les plus savants manifestaient pour sa conservation. Mais ses dispositions intérieures rachetaient grandement cet aspect de misère et de vétusté, qu'une restauration intelligente pouvait faire promptement disparaître.

L'intérieur de cette tour, bâtie sur un ou plusieurs étages souterrains, était divisé en quatre étages, y compris la salle basse. Trois de ces étages offraient des salles spacieuses comprenant toute la capacité de l'édifice. Elles étaient voûtées en ogives croisées; leur hauteur et leur ordonnance architecturale présentaient beaucoup de variété, ainsi que certains détails d'ornementation. Les nervures des voûtes et des formerets retombant sur des piliers engagés formés de colonnettes fasciculées, avec chapiteaux feuillagés, rappelaient, par leur galbe gracieux, celui de la corbeille antique ; sans toutefois, suivant le style de transition de la fin du XIIe siècle, et du premier quart du XIIIe, se dépouiller entièrement de la lourdeur particulièrement propre au chapiteau romain. Les bases de ces piliers, dont M. Albert Lenoir a donné les plans et les profils dans la Statistique monumentale de Paris [16], étaient aussi très-variés dans leur développement. Les griffes, les astragales, les tores, les scoties, les cymaises et les moulures à talon y jouaient un grand rôle. L'ensemble des soubassements portait sur des socles tantôt carrés ou divisés en trois parties cubiques, dont les deux latérales étaient biaisés ; tantôt prismatiques ou cylindriques. On peut voir maintenant deux de ces piliers dans une des cours du musée de Cluny.

Les nervures diagonales et celles des arcs doubleaux des deux travées de voûtes du rez-de-chaussée étaient plus massives et moins ornées que celles des salles au-dessus. ll est probable que cette salle basse, très-surbaissée, ne servait pas à l'habitation, mais à des usages particuliers, ainsi que les réduits du dernier étage, sous la toiture. Dans une note spéciale, l'abbé Lebeuf réfute l'erreur accréditée par quelques historiens de Paris, lorsqu'ils avancent gratuitement que cette tour avait été bâtie pour y renfermer les chartes et les archives de la commanderie [17] Cette destination exclusive nous paraît, en effet, trop arbitrairement indiquée, et nous reconnaissons avec le docte ecclésiologue que la majeure partie des vastes salles qu'elle renfermait était destinée à recevoir les lits des pèlerins de Jérusalem et ceux des malades de l'enclos qui demandaient l’hospitalité. Mais il nous paraît peu probable que dans la partie la plus secrète et la plus sûre dans les vastes dimensions de cette tour, on n'y avait pas ménagé un cénacle ou retrait, pour y conserver les titres et archives, ainsi que les supérieurs du même ordre en usaient à l’égard de la grosse tour du Temple, coutume qui impliquait un signe de suzeraineté. D’ailleurs Sauval n'a point émis cette opinion légèrement.

Une circonstance assez singulière et qui semblerait indiquer que cet édifice fut dans l'origine une tour de défense, c'est qu’il n'existe dans son plan, figuré dans la Statistique monumentale de Paris, aucune trace d'escalier de communication intérieure : exception fort rare, puisque la plupart des tours ont des escaliers en spirale, ménagés dans l'épaisseur de l'un des angles, ou dans une cage en forme de tourelle accolée au revêtement extérieur. Le motif stratégique de cette disposition eût été, sans doute, d'isoler la tour en cas d'attaque, et d'en faire une forteresse indépendante. Or, cette induction paraît d'autant plus plausible que nous avons eu occasion de remarquer qu'on ne pouvait accéder aux étages supérieurs que par l'escalier moderne d'une maison adhérente : escalier dont l’emmarchement en bois et maçonnerie s'assemblait autour d'un noyau en pierre, qui aurait pu cependant appartenir primitivement à un escalier hors-d’œuvre de cette tour.

Nous avons dit ci-dessus que la commanderie de Saint-Jean de Latran était propriétaire du domaine féodal de la Tombe Isoire, dans la plaine de Mont-Souris-sur-Gentilly. On sait que sous cette plaine gisent des carrières de pierre de taille, dont l'exploitation remonte au XIe siècle, et qui ont fourni, avec les carrières du faubourg Saint-Jacques, les matériaux de la grande tour carrée du Temple, qui étaient de haut banc franc et de liais ; les parties basses, en pierre dure[18], de l'église de Saint-Séverin, bâties en 1347 ; les constructions de l’Hôtel-Dieu, antérieures à celles de 1385, aussi en pierre dure (1) ; commencé le 11 juillet 1678, et terminé le 10 avril 1679. (L. Héricart de Thury, Description des catacombes de Paris, pages 138-141.) Il est donc probable que dans cet espace de 140 arpents, dont ils étaient propriétaires, les commandeurs avaient établi une carrière exploitée à ciel ouvert, pour leurs besoins et dans le but d'en tirer un revenu pour leur hôpital, et que les matériaux de la tour, qui était en pierre et liais durs, avaient été extraits du Mont-Souris, ainsi que ceux de l'église et des divers bâtiments de l'enclos construits en moyen appareil.

Ces pierres de la tour qui avaient résisté à près de huit cents hivers et à toutes les chances de dégradation, étaient d’une dimension moyenne, mais d'une solidité remarquable ; très-brutes d'aspect, et empreintes, dans les parties restées à l’air libre, de cette couleur d’un gris concentré, imprimée par les siècles et les vapeurs salines de notre climat brumeux. A l'intérieur, il n'y avait presque pas une pierre qui ne lût bien appareillée et adhérente aux autres, comme si elle venait d’être posée. Ainsi le temps, moins destructeur que les hommes, s’était incliné devant cette vieille tour des Templiers, et l'eût laissé encore subsister pendant bien des siècles, si ses juges avaient voulu la conserver, pour attester de vieux et glorieux souvenirs particuliers à ce quartier, qui va être entièrement transformé.

La commission chargée de statuer sur le sort de cet édifice, en a ordonné la démolition sous le spécieux motif qu’il se trouvait trop en contrebas du sol de la nouvelle voie, et que son extérieur délabré n’offrant aucune ornementation et étant même dépourvu de tout revêtement ou appareil sur ses quatre faces, on serait entraîné dans une dépense énorme et superflue, si en rétablissant ce revêtement, on exécutait le projet de construire une tourelle en encorbellement à chaque angle de la tour.

Quant au plan ichnographique de cette curieuse tour, à ses dimensions géométrales, à ses divisions, son ornementation, et aux autres détails techniques ou architectoniques de la structure, on peut s'en rendre compte dans les plans, coupes, détails et profils dressés avec soin par M. Albert Lenoir, architecte, dans la Statistique Monumentale de Paris, publiée par le ministère de l’instruction publique et des cultes (4e et 6e liv.). Cependant, il est probable qu'en suivant les travaux de la démolition de cet édifice, ce savant artiste aura découvert dans ses substructions qui étaient enterrées, de nouvelles données architecturales, dont il enrichira cette magnifique et consciencieuse publication.

C’est dans cette tour que le célèbre physiologiste Marie-François-Xavier Bichat, se livra pendant plusieurs années a ses travaux d’anatomie ; ce qui a pu faire croire que c’était là qu’il prit le germe de la maladie qui l'enleva a la science. Ceux à qui il exposait une déduction aussi neuve que solide, désirant que sa mémoire se perpétuât dans le quartier, on incrusta, sur la façade de la tour, une plaque de marbre noir, sur laquelle étaient gravés ces mots, en lettres d’or : Tour Bichat.

Les restes vénérables de la vieille église de la Commanderie n’offraient pas moins d'intérêt que la tour féodale. Consacrée sous l'invocation de saint Jean-Baptiste, patron des hospitaliers [19], elle prit vers la fin du XVIe siècle (1585), le nom de Saint-Jean de Latran, qui est celui d’une basilique nationale, à Rome, et d’un palais voisin. M. N. Giraud a judicieusement conjecturé que ce pouvait être en reconnaissance de ce que le 19e concile de Latran, tenu le 16 mars 1517, avait voté une imposition de décimes pour les frais de la guerre que les hospitaliers soutenaient alors contre les Turcs [20]

Un édifice était orienté de l’est à l'ouest, suivant l'antique usage symbolique communément pratiqué pendant tout le moyen âge. Le plan du bâtiment assez spacieux de cette église, qui servait de paroisse aux habitants de l'enclos, était un long parallélogramme terminé par une abside polygonale, à trois pans, flanquée de contre forts carrés s'élevant par assises en retraite pour centraliser la poussée des voûtes. Cette abside a été détruite ainsi que les chapelles y attenant hors de son plan.

L’abbé Lebeuf dit que la nef et le chœur de Saint-Jean de Latran étaient de l’an 1200. Cette nef, qui existe encore, offre en effet le type de cette belle époque de l’architecture chrétienne, par sa grâce et la légèreté de ses voûtes en ogive à nervures profilées de moulures et croisées, dont les points d’intersection sont ornés de fleurons et de têtes humaines. Les nervures et formerets retombent sur des colonnettes en faisceaux engagées, avec chapiteaux reposant, à environ deux mètres au-dessus du sol, sur des culots formés de figures grimaçantes, et sur lesquelles on aperçoit encore des restes de peinture. Cette nef a 7 mètres 50 centimèt. de largeur dans œuvre, et la longueur totale de l’église était de 40 mètres aussi dans œuvre y compris son abside. Elle est maintenant divisée en deux étages : dans l’étage supérieur, se tient l’école primaire du XIIe arrondissement. L'aire de l'église était naguère une écurie.

Le chœur de cette église renfermait le mausolée en marbre noir, ouvrage de François Anguier, où l’on avait déposé les entrailles du commandeur Jacques de Souvré, grand prieur de France, mort à Paris en 1671. Le défunt était représenté à demi couché, appuyé d’un bras sur un rocher, et soutenu de l’autre par un enfant en pleurs; à ses pieds étaient son casque, sa cuirasse et ses armes. Ce tombeau en style néo-grec, dont on peut voir le dessin dans Piganiol et dans la Statistique monumentale, fut porté au musée des Petits Augustins, lors de la première révolution, où il figurait dans la salle du XVIIe siècle ; en 1816, il en fut enlevé pour passer au Musée des monuments français au Louvre ; il est maintenant dans le Musée du Louvre.

L’archevêque de Glascow, Jacques de Beatown, ambassadeur en France pendant 42 ans, fondateur du collège des Ecossais, mort le 24 avril 1603, reposait dans le chœur de cette église. Une chapelle dont on ne voit plus que quelques attachements des arceaux sur le mur extérieur au nord de l'église, renfermait l'épitaphe funéraire d’un navigateur nommé Huard, mort en 1553, après avoir fait le tour du monde.

L'église de Saint-Jean de Latran était desservie par six ecclésiastiques, dont trois étaient religieux de l'ordre ; les trois autres étaient séculiers, et par un clerc entretenu par le commandeur. Conformément aux privilèges dont jouissait l’église de Saint-Jean, cette église ne relevait que du Saint-Siège et était exempte de la juridiction archiépiscopale : circonstance qui explique pourquoi et comment elle devint un jour le théâtre d'une démonstration passablement excentrique.

Prospert Jolyot de Crébillon, poëte tragique, mort le 17 juin 1762, reçut les honneurs funèbres et la sépulture dans l'église paroissiale de Saint-Gervais, à Paris. Mais la coterie voltairienne n'était pas satisfaite à son gré, et le 6 juillet suivant, les comédiens français firent célébrer dans l'église de Saint-Jean de Latran, un service solennel pour le repos de ce poëte audacieux qui, dans sa tragédie de Xercès, avait émis ce vers anti-religieux, mais philosophique, admiré, dit-on, de Louis XV :

La crainte fit les dieux, l’audace a fait les rois.

La cérémonie se fit avec une pompe extraordinaire. L’église était toute tendue de noir ; le catafalque s‘élevait sous un dais, entouré d'une quantité innombrable de cierges. Une députation de l’Académie française, tous les acteurs et actrices des principaux théâtres, y compris l’arlequin des Italiens, se présentèrent à l'offrande. La célèbre tragédienne Mlle Clairon, en long manteau, menait le deuil.

A cette triste époque du grand naufrage de toutes les idées morales et religieuses, politiques et sociales, cette cérémonie ne se passa pas sans quelque scandale, qui, après avoir excité la risée des Parisiens, en jetant le ridicule sur ce que la religion offre de plus auguste à la foi des chrétiens, motiva la juste sévérité du vénérable archevêque de Paris ; Christophe de Beaumont qui, bien que n’ayant point de juridiction sur l'église de Saint-Jean de Latran, se plaignit au conseil de l'Ordre ; or ce dernier, en témoignage de la bonne harmonie qui existait entre lui et le clergé diocésain, condamna le curé à trois mois de séminaire et à 200 livres d’amende pour les pauvres.

A gauche de la façade de l'église, en appareil complétement lisse, percée d'une fenêtre ogivale, biseautée et sans meneaux, on voit encore, accolée au flanc septentrional de cette église, dont elle enveloppe un contrefort, la chapelle où étaient les fonts baptismaux.

Bâtie dans les dix dernières années du XVe siècle par les soins de Nicolas Lesbahy, commandeur de l'Ordre, mort en 1505 [21]. Cette petite chapelle, si belle encore dans sa misère, présente néanmoins, malgré son délabrement, des restes de fresques qui couvrent encore ses murailles enfumées, et dont les beautés décèlent les dernières empreintes du génie chrétien. Il est peu des fresques modernes dont on décore aujourd’hui nos églises qui paraissent aussi inspirées par la foi.

Les trois gracieuses fenêtres ogivales qui éclairent la chapelle, sont partagées par des meneaux, se réunissant au sommet au moyen de trilobes obtus ou allongés, et leur tympan est rempli de quatre feuilles et de dessins flexueux et flamboyants. Du reste, ce petit bâtiment, comme celui de l'église, est des plus simples. L'appareil est moyen et soutenu par des contreforts en pierre de taille.

A l'intérieur de la chapelle, les arceaux des voûtes à nervures croisées et prismatiques, retombent dans les quatre angles sur de délicieux culs-de-lampe, représentant les quatre animaux mystiques, symboles consacrés des évangélistes, dont ils portent les noms inscrits sur des phylactères. Les nervures du formeret séparant les deux berceaux de voûtes, retombent également sur deux culots aux centres latéraux de la chapelle. Celui à droite se compose d'un groupe de trois anges, d'une beauté vraiment céleste, qui adressent, en chantant, à la Reine du ciel, une invocation inscrite en minuscules gothiques sur une banderole qu'ils tiennent devant eux. L'autre culot à gauche est formé aussi de trois anges, qui accompagnent, au moyen des instruments à cordes qu'ils tiennent, le concert vocal de leurs célestes compagnons.

On remarque sur le mur de retraite, au fond, où s'élevait l’autel, et sur les murs latéraux, des débris de peintures à la fresque, d'un beau caractère. Sur la tranche du contrefort à droite, on distingue saint Nicolas, évêque de Myre, patron du commandeur Lesbahy, fondateur de la chapelle. Le bienheureux est vêtu de ses ornements pontificaux, et, à ses pieds, on voit le baquet traditionnel où sont les trois enfants que, suivant sa légende, il ressuscita. Sur le mur de face on voit un autre saint évêque qu'un personnage à genoux invoque comme son patron ou son protecteur. Il serait à désirer que ces précieux restes fussent conservés.

Sur le flanc nord de l'église, derrière le chevet de cette chapelle baptismale, existait le petit cimetière de l'enclos, qui, placé dans l'endroit le plus retiré de la commanderie, rappelait cette idée douce et pieuse qu'inspirent les sépultures des campagnes.

Deux vues extérieures, lithographiées par M. Deroy en 1820 et 1823, représentent l'église de Saint-Jean de Latran, l'une avant sa destruction, et l'autre à l’état de ruines.

M. Albert Lenoir a donné aussi dans la Statistique monumentale : 1° le plan ichnographique de l'église de Saint-Jean de Latran et de sa chapelle baptismale ; 2° le plan en élévation de la façade de cette église et de la même chapelle ; 3° une vue du flanc-nord de l’église et de ladite chapelle ; 4° leur coupe transversale ; 5° une coupe longitudinale de l'église ; 6° et un dessin du mausolée du commandeur de Souvré.

Nos recherches sur la commanderie de Saint-Jean de Latran à Paris, ne nous ont fait découvrir aucun monument historique qui la concernent, sinon : « Règles de l'hospital de Saint-Jean de Jérusalem, par Raymond. Manusc. du XIVe siècle. » Biblioth. impér. n° 7909. Les autres, du XVe siècle. « Dénombrement de la communauté de Saint-Jean de Latran, près Paris, en 1404 et 1406. » Manusc. de la biblioth. impér., nos 1435 et 1436, supplément.

« De la fondation de la Saincte Maison de l'Ospital de S. Jehan de Jérusalem. » Biblioth. impér., n° 384, supplément, tome VII du catalogue en 16 volumes. »

  1. Saint-Marc Girardin - Journal des Débats, 20 mai 1854)
  2. Foulques de Villaret, grand-maître, ayant pris l'île de Rhodes en 1309 ou 1310, l'ordre prit le nom de cette île et le conserva jusqu'en 1522.
  3. En 1530, l'empereur Charles-Quint donna l'île de Malte aux chevaliers de Saint-Jean , ou de Rhodes ; alors ils quittèrent ce dernier nom et prirent celui de Malte. (Natalis de Wailly, Éléments de Paléographie, t. II, p. 240
  4. Voir aux Archives impériales, Manusc. de Ste-Genev., Lect. hist, série L.
  5. D. M. Méon : Fabliaux et Contes des poëtes françois du XIe au XVe siècles, t. II, p. 288.
  6. Michaud, Hist. des Croisades, édit. de 1825, t. 11, p. 263.
  7. La vénérable église de Saint-Benoit, après avoir subi tous les genres d'ignobles profanations, de transformations et de barbares mutilations, a été, par une coïncidence singulière, livrée à la démolition en même temps que l'enclos de Saint-Jean de Latran, pour le percement de la rue des Ecoles. Nous avons publié en 1847 une Notice sur cette collégiale dans la Revue archéologique, t. IV, 1ère partie, pag. 214-276
  8. Voir le texte et la traduction de cette charte, insérée par J. Brulé dans sa Chronologie historique des curés de Saint-Benoît, p.98
  9. Statistique monumentale de Paris, par Albert Lenoir
  10. Ibid.
  11. Du nom d'un fameux brigand qui, suivant une vieille tradition, exerçait ses rapines dans ces environs
  12. Sauval, Antiq. de Paris, t. II, p. 271 ; Félibien, Hist. de Paris, t. I, liv. V, p. 201
  13. Alexis Donnet, Description des environs de Paris, p. 251, in-8°, fig., 1824. Cette collection, religieuse et artistique, a été dévastée par le vandalisme révolutionnaire
  14. D. du Breul, Théât. des antiq. de Paris, liv. III, p. 1077, édit. de 1612
  15. D.-J. du Breul ; loc. cit., p. 1077
  16. IVe liv., pl. 5
  17. Lebeuf, hist. du Diocèse de Paris, t. 1er, p. 237. - Pig. de la F., t. v, p. 376, ne dit pas ce que lui impute l'abbé Lebeuf-Voir Félibien, hist. De Paris, t. 1er, p. 201.
  18. Procès-verbal de la reconnaissance de tous les édifices anciens de la ville de Paris, par ordre de Colbert, commencé le 11 juillet 1678, et terminé le 10 avril 1679. - L. Héricart de Thury, Descript. des Catacombes de Paris, p. 138-141
  19. Parce que la maison hospitalière, berceau de l'Ordre, était située à Jérusalem, près de l'endroit où avait été bâti le temple de Salomon ; et que son église magnifique était dédiée à saint Jean-Baptiste
  20. Paris sous Philippe le-Bel, p. 429. - Les bénédictins disent, dans leur Traité de la Diplomatique, que les ordres militaires et religieux ont eu des sceaux dès leur origine ; or, saint Jean-Baptiste étant le patron de l’ordre des Hospitaliers, il était rationnel que son image ou son symbole figurât sur leurs actes officiels, et que l'église de la commanderie de Paris fût consacrée sous son vocable. La société de sphragistique de Paris a publié un sceau de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, de la fin du XVe siècle, trouvé récemment à Mâcon. Dans le champ, semé de rinceaux, est inscrit un écu portant une croix de Malte. Cet écu est surmonté d'un agneau pascal nimbé, attribut de saint Jean-Baptiste, dont la banderole est chargée d'un sautoir. La légende en minuscule gothique inscrite dans le listel en bordure porte : S. Indulgenc, hospilalis Ierusalem
  21. Lebeuf, Hist. du diocèse de Paris, t. Ier, p. 237