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==L'évolution de l'enclos au XXe siècle==
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L'ensemble de cet îlot XVIIIe, y compris les vestiges du cloitre Saint-Honoré, est démoli à partir de 1913 à la suite de son rachat par les Grands Magasins du Louvre ([http://wiki.geohistoricaldata.org/Fichier:172-192-Comm-Vx-Paris_1913-12-05.jpg Voir l'intervention de la Commission municipale du Vieux Paris]) qui y font bâtir en 1919 une vaste annexe/réserve par l'architecte [https://www.pss-archi.eu/immeubles/FR-75056-8625.html Georges Vaudoyer]. L'immeuble est réquisitionné par le Ministère des Finances en 1941. <br>
 
Le Ministère des Finances, dont à l'époque l'administration centrale est implanté au Louvre, côté rue de Rivoli l'occupe jusqu'en 1994 année de son affectation au Ministère de la Culture. <br>
 
Après quelques hésitations sur son devenir vu le mauvais état de l'ensemble, le Ministère de la Culture le réhabilite en 2004-2005 et fait habiller ses façades par une décoration métallique au dessin en résille. [https://archive.org/details/min-finances-ilot-c-st-honore-2016 Voir l'historique de l'ilot "C" (1919-2005) par le Ministère de l’Économie et des Finances].


==Parcelles et sections (1790-1805)==
==Parcelles et sections (1790-1805)==

Version du 23 août 2020 à 15:21

Le cloître Saint-Honoré doit son nom à une chapelle érigée au XIIIe siècle sur un terrain hors les murs par une famille noble en l'honneur de saint Honoré, évêque d'Amiens. « Les fondateurs en font une collégiale de chanoines » [1]. Au fil des siècles des maisons sont bâties autour de la chapelle jusqu'à former au XVIe siècle un enclos entre les rues Saint-Honoré, des Bons-Enfants et Croix-des-Petits-Champs. Cet enclos, substantiellement modifié à partir de 1792, subsiste comme entité topographique et urbaine jusqu'en 1913.

La vocation religieuse de l'enclos jusqu'en février 1791

Les lieux de culte

  • L'église Saint-Honoré

« L'église Saint-Honoré a été fondée en 1204, le bâtiment n'est pas fort beau. Sur le maître-autel il y a un tableau de Champagne… Les canonicats sont à la nomination du chapitre de Notre-Dame. Dans la chapelle de la Vierge est un mausolée élevé à la mémoire du cardinal Dubois (1656-1723). » (Prévost, Le Provincial, t. 2, Louvre, Second. part., p. 48-49). Les experts chargés par le Comité d'aliénation des biens nationaux de l'estimation de l'église en février 1791, en font une description plus précise mais pas plus laudative.

  • La chapelle Saint-Clair

Bien qu'accessible principalement par la rue des Bons-Enfants au n°41 (Kreenfeldt-Royal), n°21 (?) (Hal.), la chapelle Saint-Clair par sa cour, son passage et ses dépendances, peut être considérée comme faisant partie de l'ilot Saint-Honoré.
La chapelle occupe tout le rez-de-chaussée d'une maison de 5 étages, auxquels on accède par un escalier pris sur la cour Saint-Clair [2]

La paroisse

Territoire de Saint-Honoré (Junié 1786)

Le chapitre Saint-Honoré détient l'exercice des fonctions curiales de la paroisse Saint-Honoré, rattachée à la paroisse Saint-Roch en enclave dans le territoire de Saint-Eustache. Son territoire comprend les maisons situées dans l'enclos et dans un proche voisinage, l'ensemble en vert sur l'extrait ci-contre du plan Junié de 1786.
En janvier 1791, les fonctions curiales sont encore exercées par l'abbé Vauthier, chapelain de Saint-Honoré qui demeure dans une maison donnant sur le passage Saint-Clair [2]. Puis, en application des dispositions du décret du 4 février 1791 [3] portant réforme des territoires des paroisses de Paris, les maisons de l'enclos dit « Cloître Honoré » sont rattachées à la Paroisse Saint-Eustache, ce qui met fin définitivement à la fonction curiale de l'église et permet à la Commune de Paris, nouvelle propriétaire de disposer librement de l'édifice (voir ci-après).

Le chapitre

L'état des lieux en 1791

La configuration de l'enclos

Jusqu'en 1789 le chapitre Saint-Honoré est propriétaire de l'enclos appelé cloître Saint-Honoré, sur la parcelle n°107 rue Saint-Honoré du terrier du Roi, composé de l'église collégiale, de la cour en forme de « tête de hache » et d'une dizaine de maisons capitulaires au Nord.
Outre le cloître, le chapitre possède une vingtaine de parcelles du pourtour de l'enclos bordant les rues des Bons-Enfants, Croix-des-Petits-Champs et Saint-Honoré (parcelles n°100 à 110 rue Saint-Honoré du terrier du Roi).
Tout cet ensemble entre dans le Domaine National en 1790. Après les expertises conjointes des biens fin 1790-début 1791, la Municipalité de Paris devient l'attributaire unique de toutes ces propriétés.

On accède principalement à cet enclos de 37 toises par une porte cochère sous la maison située au n°169 (Royal) de la rue Saint-Honoré.

Sous l'Empire, le court segment compris entre la r. Saint-Honoré et le cloitre prend le nom de « Passage d'Athènes » (Lazare, Dictionnaire, 1844, p. 37). Le cloître est également accessible depuis la rue Croix-des-Petits-Champs [4] et, par un autre passage cocher, depuis la rue des Bons-Enfants [5]. Bien que Prévost dénombre 15 portes dans l'enclos, le nombre de logements y est très important. Il ne semble pas que les maisons /parcelles aient reçu un numéro de type royal.

Les passages

Les maisons et leurs occupants

Autour de l'église capitulaire Saint-Honoré se sont organisés, au cours des siècles, les logements des chanoines petit à petit délaissés au long du XVIIIe siècle au profit de logements de rapport. La plupart des chanoines logent encore dans le cloitre au XVIII e et jusqu'après la confiscation des biens du clergé (14 novembre 1789). Voir Le chapitre Saint-Honoré (Paris 1790).

L'enclos à partir de 1792 et au XIXe siècle

L'évolution de l'enclos au XXe siècle

L'ensemble de cet îlot XVIIIe, y compris les vestiges du cloitre Saint-Honoré, est démoli à partir de 1913 à la suite de son rachat par les Grands Magasins du Louvre (Voir l'intervention de la Commission municipale du Vieux Paris) qui y font bâtir en 1919 une vaste annexe/réserve par l'architecte Georges Vaudoyer. L'immeuble est réquisitionné par le Ministère des Finances en 1941.
Le Ministère des Finances, dont à l'époque l'administration centrale est implanté au Louvre, côté rue de Rivoli l'occupe jusqu'en 1994 année de son affectation au Ministère de la Culture.
Après quelques hésitations sur son devenir vu le mauvais état de l'ensemble, le Ministère de la Culture le réhabilite en 2004-2005 et fait habiller ses façades par une décoration métallique au dessin en résille. Voir l'historique de l'ilot "C" (1919-2005) par le Ministère de l’Économie et des Finances.

Parcelles et sections (1790-1805)

A partir de 1790, les maisons du cloitre Saint-Honoré et leurs parcelles sont rattachées à la Section de la Halle-aux-Blés. Elles semblent porter un numéro de type sectionnaire, ainsi que l'indiquent quelques occupants lors de leur inscription sur les registres de sûreté et comme on peut le constater dans l'Almanach du Commerce pour l'an VII.

L'église du cloitre Saint-Honoré devient temporairement le siège de la Justice de Paix pour la section de la Halle-au-Blé, avec Baron de Saint-Girons, juge de paix, Cheret, assesseur, Boucry de Saint-Venant, commissaire de Police (Alm. Royal 1792, p. 369) puis Meissein, juge, Fournera et Liégeois, assesseurs, Charlet étant greffier (Almanach National pour 1793, édité vers octobre 1792, p. 265-266).

L'église est louée à Lalouette, vendue à Roucelleet démolie en 1792 (Hillairet, p. 431).

Parcelles et arrondissements "anciens" (1795-1859)

La loi du 19 vendémiaire an IV [11 octobre 1795] redistribue les sections de Paris, désormais appelées "divisions", en douze arrondissements[6]. Le numérotage "sectionnaire" des parcelles instauré en 1790 perdure cependant jusqu'en 1805.

À partir de 1795, le cloitre Saint-Honoré et ses parcelles sont rattachés au 4ème Arrdt (ancien) [7].

Caractéristiques

Plusieurs maisons du cloître sont divisées en appartements comme l'indique cette annonce :
« A louer, joli appartement de 4 pièces de plain-pied, pouvant se séparer en 2 & peint à neuf. Présentement. Cloître s. Honoré, porte coch. à côté du coffretier [8]. S'adr. au portier (Affiches, n°53 bis, addition à la feuille du vendredi 22 février 1793, p. 776. »

Le cloître Saint-Honoré est définitivement exproprié et démoli en 1913.

Propriétaire jusqu'en 1789

  • Bernard, Jacques (1793).

Sur un des registres des cartes de sûreté de la section Halle-aux-Blés Jacques Bernard se déclare comme "propriétaire", 45 ans, cloitre (Halle-aux-Blés), arrivé à Paris depuis 35 ans, né à Bailleau (Eure-et-Loire) (AN, F7/4796, 2ème Registre des cartes de sûreté blanches, Section Halle-aux-Blés, 1793, f°8, n°1277, le 28 mai 1793). Sur ce même registre Chrétien, graveur, déclare par ailleurs demeurer "Maison Bernard", au cloître.

La municipalité de Paris vend sur adjudication :

  • en mai 1791 à Gesnard, une maison de l'enclos.

Gesnard, serrurier, demeurant n°88 rue Saint-Louis-au-Palais, acquéreur le 2 mai 1791 d’une maison du Cloître louée à Gibelin (ou Giblieret) et Baud (ou Bon) (Sommier, t. 1, art. 1715, p. 581).

  • en juillet 1791 à Simonnet, une maison de l'enclos.

Maison, enclos Saint-Honoré, vendue en juillet 1791 à Charles-François Simonnet, marchand de tableaux, cour du Manège, louée à Morel par bail de 3, 6, 9 ans, en 1792 (Sommier des biens nationaux, t. 1, art. 1718).

  • en février 1792 à Roucelle, l'église, et ses dépendances et le terrain du passage.

Le 8 février 1792, Bertrand-Eugène Roucelle, architecte, demeuranr rue Madame, près le Luxembourg, achète au Domaine l’église Saint-Honoré et les terrains de la cour pour 266 000 f (Sommier, t. 1, art 1722, p. 582-583). L’acte de vente stipule que l’église doit être démolie et que l’adjudicataire doit créer une rue sur l’emplacement de la cour du cloître selon un alignement fourni par les commissaires de la voirie. En réalité Roucelle n’est acquéreur de ce terrain que pour un quart, les trois autres quarts étant répartis à part égale entre MM. Joseph-Ignace Coedès, Étienne-Victor Fonteney et Jean de Lauchère (« Communication faite par M. Taxil sur la démolition des immeubles du cloître Saint-Honoré », Procès-verbaux de la Commission du Vieux-Paris, année 1913, Paris, Imp. Municipale, 1914, p. 261-267. Lire en ligne sur Gallica). Une fois l’église détruite, ces quatre investisseurs édifient immédiatement des maisons de rapport traversée du Nord au Sud par un passage qui sera plus tard nommé Passage d’Athènes et d’Ouest en Est par le Passage Marchand.

  • en messidor an IV à Focard-Château, 6 maisons de l'enclos.

Louis-Jean Focard-Château (Dormelles (Seine-et-Marne), 1750- ?) est enregistré le 19 juin 1794 section Halle aux Blé. Il déclare être arrivé à Paris le 29 germinal et demeurer, maison [hôtel] de Nîmes, rue de Grenelle-Saint-Honoré [au n°55 (K) soit n°24 (Hal.)] (AN, F/7/4796, n°2076). Il déclare ensuite (voir ci-dessous) demeurer au cloître, ce dont on peut douter selon sa domiciliation toujours rue de Grenelle lors du dépôt des brevets (voir ci-dessous).
On relève un citoyen Focard-Château, sous-chef de bureau du Comité de Salut Public, compétent dans le domaine des sciences et des arts (F.A., Aulard, Recueil des actes du CSP, 3 décembre 1794 ; t. 18, p. 482, n. 2), chargé le 15 décembre 1794 de récupérer dans les bibliothèques des émigrés et condamnés les ouvrages intéressants pour former la bibliothèque du Comité (Tuetey, PV de la commission temporaire des arts, Vol. 1, p. 649).
Par sa soumission de messidor an IV, lors de la vente des biens nationaux confisqués au chanoines du chapitre Saint-Honoré, il devient propriétaire d'une maison avec jardin et dépendance qu'il déclare occuper (Sommier, t. 1, art. 1716) et dans la même adjudication de cinq autres maisons du cloître louées respectivement à Desmarteaux et Vaucher (Id., art. 1714), à Godon (Id., art. 1717), à Beyssier (Id. art. 1719), à Dumont (Id., art. 1720) ainsi que de la maison louée à Mitouflet située à l’entrée du petit cloître et donnant également sur la rue Croix-des-Petits-Champs au n°45 (K) soit les n°21 à 24 (Hal.) n° 15 (Emp.) et (Id., art. 1720, p. 583).
« Le citoyen Focard-Château, cloître Honoré, fait un don de 300 liv [pour financer la descente en Angleterre]. Ce citoyen observe que depuis quatre ans il a adressé plusieurs projets de descente (invasion], qu’il a lieu de présumer être aujourd’hui dans le portefeuille du général Bonaparte. (« Conseil des Cinq-Cents, séance du 11 nivôse an VI », Le Républicain français, 13 nivôse an VI [2 janvier 1798], p. 3, col. 2. Gallica, Retronews).
En 1799, il dépose un brevet pour un « manège de campagne ou portatif » et en 1801 un autre brevet pour un « appareil retardateur de fermentations ». Il est toujours domicilié 24 [Halles] rue de Grenelle-Saint-Honoré et aussi en 1801 à Lannoy (arrondissement de Lille) (INPI, 1BA278 et 1BA111, voir en ligne).

Occupants et résidents

  • Certains chanoines et desservants au service du chapitre et de la paroisse Saint-Honoré. Voir Le chapitre Saint-Honoré.
  • Plusieurs artisans, commerçants et praticiens "libéraux", médecin, huissier, demeurent dans l'enclos bien avant la nationalisation.
  • Les acquéreurs de 1791 et 1792 veulent manifestement rentabiliser au maximum leur investissement. Sans qu'aient été, à ce jour, retrouvées des traces des modifications apportées aux maisons de l'enclos, l'afflux d'ouvriers, employés et autres personnes modestes enregistrées à cet endroit en 1793-1794, démontre que les surfaces habitables sont sur-exploitées. A voir les mouvements de cette centaine d'occupants-résidents on peut déduire que le cloître Honoré est devenu une sorte de lieu de transit entre une arrivée récente à Paris et un lieu d'hébergement moins surpeuplé.

Voir les occupants du cloître

Bibliographie, Iconographie

  • Beaurepaire, Edmond, « Le cloître Saint-Honoré », Le carnet historique et littéraire, 1901, vol. 1, p. 246-253 (Lire sur Gallica).
  • Chapelle, Henri, Le Vieux Paris par Henri Chapelle, recueil de 154 dessins à la plume, 1900, Musée Carnavalet.
  • Boulenger, Jacques, Dans la vieille rue Saint-Honoré, Paris, Firmin-Didot et Cie, 1931, Coll. "Ma maison, ma rue, mon quartier" (BHVP).
  • Hénard, R., La rue Saint-Honoré, des origines à la Révolution à nos jours, Paris, Émile-Paul Éditeur, 1908, 550 p. (BHVP 944361) Consulter en ligne.

Sortir du cloître

Sortir du Cloître par le Passage Saint-Honoré
Vers l'Ouest : Porche au n°8 (Emp.) rue des Bons-Enfants
Vers le Sud : Porche cocher au n°186 (Emp.) rue Saint-Honoré
Vers l'Est :
Porche au n°9 (Emp.) rue Croix-des-Petits-Champs

Notes et références

Les sources et références générales du projet Localisations parisiennes 1780-1810 sont regroupées dans : Sources & Références (Paris 1780-1810)

  1. O. Delarc, L'Eglise de Paris pendant la Révolution, t. 1, p. 262-264).
  2. 2,0 et 2,1 (AN, Q2 /121, MM. Mouton et Villetard fils, architectes, Rapport d'expertise, Estimation de la chapelle Saint-Clair située rue des Bons-Enfants, Paris, 18 février 1791). Lire en ligne.
  3. A. P., t. 22, p. 739 et suiv.. Lire en ligne.
  4. R.H. Prévost de Saint-Lucien, État actuel de Paris ou le Provincial à Paris, Paris, Watin fils éditeur, 1787, tome I, Quartier du Louvre, p.75).
  5. Photo du porche de la rue des Bons-Enfants par Atget en 1906. Voir sur Gallica
  6. Ce découpage perdure jusqu'à la loi du 16 juin 1859, applicable au 1er janvier 1860. Cette loi incorpore les faubourgs à la ville de Paris et porte à vingt le nombre d'arrondissements municipaux. (Bulletin des lois de l'Empire français, t. XIV, XIe série, no 738, 3 novembre 1859, p. 747–751).
  7. Quartier Banque de France; ilot n°14 (AN/F/31/80/15) Voir le plan cadastral.
  8. Il s'agit vraisemblablement de Le Guay, coffretier, cloître Honoré, n°6 (1798). occupant du cloître