Cloître Saint-Honoré (Paris) Parcelles et habitants Révolution-Empire

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Le cloître Saint-Honoré doit son nom à l'église capitulaire Saint-Honoré autour de laquelle, au cours des siècles, se sont organisés les logements des chanoines petit à petit délaissés au long du XVIIIe siècle au profit de logements de rapport. On accède à cet enclos de 37 toises par une grande porte cochère au n°169 (Royal) de la rue Saint-Honoré. Sous l'Empire, le court segment compris entre la r. Saint-Honoré et le cloitre prend le nom de « Passage d'Athènes » (Lazare, Dictionnaire, 1844, p. 37). Le cloître est également accessible depuis la rue Croix-des-Petits-Champs [1] et, par un autre passage cocher, depuis la rue des Bons-Enfants [2].

« L'église Saint-Honoré a été fondée en 1204, le bâtiment n'est pas fort beau. Sur le maître-autel il y a un tableau de Champagne… Les canonicats sont à la nomination du chapitre de Notre-Dame. Dans la chapelle de la Vierge est un mausolée élevé à la mémoire du cardinal Dubois (1656-1723). » (Prévost, op. cit., Second. part., p. 48-49).

Parcelles et paroisse au XVIIIe siècle

Bien que Prévost dénombre 15 portes dans l'enclos, le nombre de maisons et de logements y est très important. Il ne semble pas que les maisons /parcelles aient reçu un numéro de type royal.

Territoire de Saint-Honoré (Junié 1786)

Jusqu'en 1790 le chapitre Saint-Honoré détient l'exercice des fonctions curiales de la paroisse Saint-Honoré, rattachée à la paroisse Saint-Roch en enclave dans le territoire de Saint-Eustache. Son territoire comprend les maisons situées dans l'enclos et sur son pourtour en vert sur l'extrait ci-contre du plan Junié de 1786.

Certains chanoines semblent encore loger dans le cloitre jusqu'après la confiscation des biens du clergé (14 novembre 1789). Voir Le chapitre Saint-Honoré (Paris 1790).

Puis, en application des dispositions du décret du 4 février 1791 [3] portant réforme des territoires des paroisses de Paris, les maisons de l'enclos dit « Cloître Honoré » sont rattachées à la Paroisse Saint-Eustache.

Parcelles et sections (1790-1805)

A partir de 1790, les maisons du cloitre Saint-Honoré et leurs parcelles sont rattachées à la Section de la Halle-aux-Blés. Elles ne semblent pas porter systématiquement un numéro de type sectionnaire, même si quelques occupants en indiquent un lors de leur inscription sur les registres de sûreté.

Après la nationalisation, l'église est louée à Lalouette, et démolie en 1792 (Hillairet, p. 431).

Parcelles et arrondissements "anciens" (1795-1859)

La loi du 19 vendémiaire an IV [11 octobre 1795] redistribue les sections de Paris, désormais appelées "divisions", en douze arrondissements[4]. Le numérotage "sectionnaire" des parcelles instauré en 1790 perdure cependant jusqu'en 1805.

À partir de 1795, le cloitre Saint-Honoré et ses parcelles sont rattachés au 4ème Arrdt (ancien) [5].

Caractéristiques

Plusieurs maisons du cloître sont divisées en appartements comme l'indique cette annonce :
« A louer, joli appartement de 4 pièces de plain-pied, pouvant se séparer en 2 & peint à neuf. Présentement. Cloître s. Honoré, porte coch. à côté du coffretier [6]. S'adr. au portier (Affiches, n°53 bis, addition à la feuille du vendredi 22 février 1793, p. 776. »

Propriétaire jusqu'en 1789

Jusqu'en 1789 le chapitre Saint-Honoré est propriétaire de l'enclos appelé cloître Saint-Honoré, occupant la parcelle n°107 rue Saint-Honoré du terrier du Roi et composé de l'église collégiale, de la cour en forme de « tête de hache » et d'une dizaine de maisons capitulaires au Nord.
Outre le cloître, le chapitre possède les parcelles du pourtour de l'enclos bordant les rues des Bons-Enfants, Croix-des-Petits-Champs et Saint-Honoré (parcelles n°100 à 110 rue Saint-Honoré du terrier du Roi).
Tout cet ensemble entre dans le Domaine National en 1790.

Propriétaires à partir de 1789

  • Le Domaine National, puis la Municipalité de Paris, attributaire.

La municipalité de Paris vend sur adjudication :

  • en mai 1791 à Bernard, une maison de l'enclos.

Bernard (orthographié Gesnard), serrurier, demeurant n°88 rue Saint-Louis-au-Palais, acquéreur le 2 mai 1791 d’une maison du Cloître louée à Gibelin (ou Giblieret) et Baud (ou Bon) (Sommier, t. 1, art. 1715, p. 581).
Sur un des registres des cartes de sûreté de la section Halle-aux-Blés Jacques Bernard se déclare comme "propriétaire", 45 ans, cloitre (Halle-aux-Blés), arrivé à Paris depuis 35 ans, né à Bailleau (Eure-et-Loire) (AN, F7/4796, 2ème Registre des cartes de sûreté blanches, Section Halle-aux-Blés, 1793, f°8, n°1277, le 28 mai 1793). Sur ce même registre Chrétien, graveur, déclare par ailleurs demeurer "Maison Bernard", au cloître.

  • en juillet 1791 à Simonnet, une maison de l'enclos.

Maison, enclos Saint-Honoré, vendue en juillet 1791 à Charles-François Simonnet, marchand de tableaux, cour du Manège, louée à Morel par bail de 3, 6, 9 ans, en 1792 (Sommier des biens nationaux, t. 1, art. 1718).

  • en février 1792 à Roucelle, l'église, et ses dépendances et le terrain du passage.

Le 8 février 1792, Bertrand-Eugène Roucelle, architecte, demeuranr rue Madame, près le Luxembourg, achète au Domaine l’église Saint-Honoré et les terrains de la cour pour 266 000 f (Sommier, t. 1, art 1722, p. 582-583). L’acte de vente stipule que l’église doit être démolie et que l’adjudicataire doit créer une rue sur l’emplacement de la cour du cloître selon un alignement fourni par les commissaires de la voirie. En réalité Roucelle n’est acquéreur de ce terrain que pour un quart, les trois autres quarts étant répartis à part égale entre MM. Joseph-Ignace Coedès, Étienne-Victor Fonteney et Jean de Lauchère (« Communication faite par M. Taxil sur la démolition des immeubles du cloître Saint-Honoré », Procès-verbaux de la Commission du Vieux-Paris, année 1913, Paris, Imp. Municipale, 1914, p. 261-267. Lire en ligne sur Gallica). Une fois l’église détruite, ces quatre investisseurs édifient immédiatement des maisons de rapport traversée du Nord au Sud par un passage qui sera plus tard nommé Passage d’Athènes et d’Ouest en Est par le Passage Marchand.

  • en messidor an IV à Focard-Château, 6 maisons de l'enclos.

Louis-Jean Focard-Château (Dormelles (Seine-et-Marne), 1750- ?) est enregistré le 19 juin 1794 section Halle aux Blé. Il déclare être arrivé à Paris le 29 germinal et demeurer, maison [hôtel] de Nîmes, rue de Grenelle-Saint-Honoré [au n°55 (K) soit n°24 (Hal.)] (AN, F/7/4796, n°2076). Il déclare ensuite (voir ci-dessous) demeurer au cloître, ce dont on peut douter selon sa domiciliation toujours rue de Grenelle lors du dépôt des brevets (voir ci-dessous).
On relève un citoyen Focard-Château, sous-chef de bureau du Comité de Salut Public, compétent dans le domaine des sciences et des arts (F.A., Aulard, Recueil des actes du CSP, 3 décembre 1794 ; t. 18, p. 482, n. 2), chargé le 15 décembre 1794 de récupérer dans les bibliothèques des émigrés et condamnés les ouvrages intéressants pour former la bibliothèque du Comité (Tuetey, PV de la commission temporaire des arts, Vol. 1, p. 649).
Par sa soumission de messidor an IV, lors de la vente des biens nationaux confisqués au chanoines du chapitre Saint-Honoré, il devient propriétaire d'une maison avec jardin et dépendance qu'il déclare occuper (Sommier, t. 1, art. 1716) et dans la même adjudication de cinq autres maisons du cloître louées respectivement à Desmarteaux et Vaucher (Id., art. 1714), à Godon (Id., art. 1717), à Beyssier (Id. art. 1719), à Dumont (Id., art. 1720) ainsi que de la maison louée à Mitouflet située à l’entrée du petit cloître et donnant également sur la rue Croix-des-Petits-Champs au n°45 (K) soit les n°21 à 24 (Hal.) n° 15 (Emp.) et (Id., art. 1720, p. 583).
« Le citoyen Focard-Château, cloître Honoré, fait un don de 300 liv [pour financer la descente en Angleterre]. Ce citoyen observe que depuis quatre ans il a adressé plusieurs projets de descente (invasion], qu’il a lieu de présumer être aujourd’hui dans le portefeuille du général Bonaparte. (« Conseil des Cinq-Cents, séance du 11 nivôse an VI », Le Républicain français, 13 nivôse an VI [2 janvier 1798], p. 3, col. 2. Gallica, Retronews).
En 1799, il dépose un brevet pour un « manège de campagne ou portatif » et en 1801 un autre brevet pour un « appareil retardateur de fermentations ». Il est toujours domicilié 24 [Halles] rue de Grenelle-Saint-Honoré et aussi en 1801 à Lannoy (arrondissement de Lille) (INPI, 1BA278 et 1BA111, voir en ligne).

Occupants et résidents

  • Certains chanoines et desservants au service du chapitre et de la paroisse Saint-Honoré. Voir Le chapitre Saint-Honoré.
  • Plusieurs artisans, commerçants et praticiens "libéraux", médecin, huissier, demeurent dans l'enclos bien avant la nationalisation.
  • Les acquéreurs de 1791 et 1792 veulent manifestement rentabiliser au maximum leur investissement. Sans qu'aient été, à ce jour, retrouvées des traces des modifications apportées aux maisons de l'enclos, l'afflux d'ouvriers, employés et autres personnes modestes enregistrées à cet endroit en 1793-1794, démontre que les surfaces habitables sont sur-exploitées. A voir les mouvements de cette centaine d'occupants-résidents on peut déduire que le cloître Honoré est devenu une sorte de lieu de transit entre une arrivée récente à Paris et un lieu d'hébergement moins surpeuplé.

Voir les occupants du cloître

Bibliographie, Iconographie

  • Beaurepaire, Edmond, « Le cloître Saint-Honoré », Le carnet historique et littéraire, 1901, vol. 1, p. 246-253 (Lire sur Gallica).
  • Chapelle, Henri, Le Vieux Paris par Henri Chapelle, recueil de 154 dessins à la plume, 1900, Musée Carnavalet.
  • Boulenger, Jacques, Dans la vieille rue Saint-Honoré, Paris, Firmin-Didot et Cie, 1931, Coll. "Ma maison, ma rue, mon quartier" (BHVP).
  • Hénard, R., La rue Saint-Honoré, des origines à la Révolution à nos jours, Paris, Émile-Paul Éditeur, 1908, 550 p. (BHVP 944361) Consulter en ligne.

Notes et références

Les sources et références générales du projet Localisations parisiennes 1780-1810 sont regroupées dans : Sources & Références (Paris 1780-1810)

  1. R.H. Prévost de Saint-Lucien, État actuel de Paris ou le Provincial à Paris, Paris, Watin fils éditeur, 1787, tome I, Quartier du Louvre, p.75).
  2. Photo du porche de la rue des Bons-Enfants par Atget en 1906. Voir sur Gallica
  3. A. P., t. 22, p. 739 et suiv.. Lire en ligne.
  4. Ce découpage perdure jusqu'à la loi du 16 juin 1859, applicable au 1er janvier 1860. Cette loi incorpore les faubourgs à la ville de Paris et porte à vingt le nombre d'arrondissements municipaux. (Bulletin des lois de l'Empire français, t. XIV, XIe série, no 738, 3 novembre 1859, p. 747–751).
  5. Quartier Banque de France; ilot n°14 (AN/F/31/80/15) Voir le plan cadastral.
  6. Il s'agit vraisemblablement de Le Guay, coffretier, cloître Honoré, n°6 (1798). occupant du cloître