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Malgré son important patrimoine à Paris et ailleurs en France, malgré des revenus élevés la congrégation des Quinze-Vingts n'arrive plus à entretenir convenablement les lieux surpeuplés. En effet, la congrégation, dont les effectifs par constitution sont toujours limités à 300 aveugles, accueille de plus en plus de pauvres aveugles et leur famille. Cette surpopulation rend l'enclos insalubre et finit par importuner le voisinage, tant sont permanents les désagréments et malversations des mendiants et estropiés qui parcourent le voisinage en quêtant ou en rapinant.
Malgré son important patrimoine à Paris et ailleurs en France, malgré des revenus élevés la congrégation des Quinze-Vingts n'arrive plus à entretenir convenablement les lieux surpeuplés. En effet, la congrégation, dont les effectifs par constitution sont toujours limités à 300 aveugles, accueille de plus en plus de pauvres aveugles et leur famille. Cette surpopulation rend l'enclos insalubre et finit par importuner le voisinage, tant sont permanents les désagréments et malversations des mendiants et estropiés qui parcourent le voisinage en quêtant ou en rapinant.


Diverses opérations de rénovation et reconstruction sont entreprises à partir de 1748. Néanmoins en 1779, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_de_Rohan Louis-René de Rohan Guéméné, '''cardinal de Rohan'''], Grand Aumônier de France et donc supérieur des Quinze-Vingts depuis 1777, demande à Louis XVI et obtient de lui des Lettres Patentes pour vendre l'ensemble de l'enclos des Quinze-Vingts, terrains et bâtiments et transférer l'institution dans une caserne désaffectée rue de Charenton (le Grand, op. cit. p. 87).
Diverses opérations de rénovation et reconstruction sont entreprises à partir de 1748. Néanmoins en 1779, [https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_de_Rohan Louis-René de Rohan Guéméné, '''cardinal de Rohan'''], Grand Aumônier de France et donc supérieur des Quinze-Vingts depuis 1777, demande à Louis XVI et obtient de lui des Lettres Patentes <ref><small>Ces lettres patentes sont suffisamment importantes et exceptionnelles pour être publiées in extenso dans le ''Journal de Paris'' (n°9, 9 janvier 1780, p.  [ Lire en ligne sur Gallica]</small>.</ref> pour vendre l'ensemble de l'enclos des Quinze-Vingts, terrains et bâtiments et transférer l'institution dans une caserne désaffectée rue de Charenton (le Grand, op. cit. p. 87).
 
==Une affaire immobilière douteuse==
==Une affaire immobilière douteuse==
On connait l'implication, au moins financière, et les déboires du cardinal de Rohan dans l'[https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_collier_de_la_reine affaire du collier de la reine]. On connait moins les prémices et les suites de son initiative consistant à transférer les Quinze-Vingts hors du centre de la capitale et à vendre les terrains et immeubles de l'enclos à une société écran derrière laquelle se cache Louis-Philippe d'Orléans.  
On connait l'implication, au moins financière, et les déboires du cardinal de Rohan dans l'[https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_collier_de_la_reine affaire du collier de la reine]. On connait moins les prémices et les suites de son initiative consistant à transférer les Quinze-Vingts hors du centre de la capitale et à vendre les terrains et immeubles de l'enclos à une société écran derrière laquelle se cache Louis-Philippe d'Orléans.  

Version du 28 octobre 2019 à 18:03

Fondation et principes

L'institution des Quinze-Vingts est créée par Louis IX vers 1260 aux portes du Louvre, près de la deuxième porte Saint-Honoré dans le prolongement de la rue Saint-Honoré vers la Ville l’Évêque pour y héberger 300 (15 x 20) miséreux aveugles et non pas, comme le prétend une légende tenace, des chevaliers croisés dont les Sarrasins auraient brûlé ou crevé les yeux. Cet hospice, dont le supérieur de la Maison ecclésiastique du Roi, Grand aumônier de France, est le supérieur n'est pas un hôpital mais un lieu d'hébergement de ces pauvres, qui forment entre eux une congrégation et se nomment "frères" et soeurs. Certains vivent avec leur famille. L'hospice est dirigé par un "maître", nommé par le roi, assisté d'un "ministre", lui-même assisté de 6 jurés. La congrégation dispose de sa chapelle desservie par un chevecier et un vicaire, ainsi que de son propre cimetière. Elle doit redevance au chapitre de Saint-Germain-l'Auxerrois sur le territoire duquel elle se trouve(Le Grand, Les Quinze-Vingts,... p. 12-23).

Au XVIIIe siècle

Dans la première moitié du XVIIIe siècle la chapelle attire la haute société du quartier, y compris la duchesse d'Orléans qui s'y fait construire une tribune privée. Choeurs et musiciens de renom agrémentent les offices. Massillon y prêche un carême (Le Grand, op. cit. p. 32-33).

La congrégation bénéficie de nombreux privilèges, exemptions, rentes, fermages, dons en espèces et legs, en nature en immeubles. Elle attire ainsi des personnes parfaitement valides, artisans, commerçants auxquels elle loue des locaux tant dans l'enclos que dans des maisons proches dont certaines construites par elle à la fin du XVIIe par exemple à l'angle de la rue Saint-Nicaise et de la rue Saint-Honoré (Le Grand, op. cit. p. 42-43). Malgré son important patrimoine à Paris et ailleurs en France, malgré des revenus élevés la congrégation des Quinze-Vingts n'arrive plus à entretenir convenablement les lieux surpeuplés. En effet, la congrégation, dont les effectifs par constitution sont toujours limités à 300 aveugles, accueille de plus en plus de pauvres aveugles et leur famille. Cette surpopulation rend l'enclos insalubre et finit par importuner le voisinage, tant sont permanents les désagréments et malversations des mendiants et estropiés qui parcourent le voisinage en quêtant ou en rapinant.

Diverses opérations de rénovation et reconstruction sont entreprises à partir de 1748. Néanmoins en 1779, Louis-René de Rohan Guéméné, cardinal de Rohan, Grand Aumônier de France et donc supérieur des Quinze-Vingts depuis 1777, demande à Louis XVI et obtient de lui des Lettres Patentes [1] pour vendre l'ensemble de l'enclos des Quinze-Vingts, terrains et bâtiments et transférer l'institution dans une caserne désaffectée rue de Charenton (le Grand, op. cit. p. 87).

Une affaire immobilière douteuse

On connait l'implication, au moins financière, et les déboires du cardinal de Rohan dans l'affaire du collier de la reine. On connait moins les prémices et les suites de son initiative consistant à transférer les Quinze-Vingts hors du centre de la capitale et à vendre les terrains et immeubles de l'enclos à une société écran derrière laquelle se cache Louis-Philippe d'Orléans.

Les enjeux financiers sont considérables puisque l'enclos est estimé à 6 millions de livres.

Bibliographie

  • Le Grand, Léon, Les Quinze-Vingts depuis leur fondation jusqu'à leur translation au Faubourg Saint-Antoine (XIII-XVIIIe siècles), Paris, Société de l'Histoire de Paris, 1887, 368 p. Lire en ligne sur Gallica.

Notes et références

  1. Ces lettres patentes sont suffisamment importantes et exceptionnelles pour être publiées in extenso dans le Journal de Paris (n°9, 9 janvier 1780, p. [ Lire en ligne sur Gallica].