1867 Lenoir, "Statistique monumentale de Paris"
Albert Lenoir, 1867, Statistique monumentale de Paris, Imprimerie impériale, Paris, p. 141-143
Notice Albert Lenoir : https://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/lenoir-albert.html
p. 141-142 : époque chrétienne
COMMANDERIE DE SAINT-JEAN DE LATRAN, planche I
La Commanderie de Saint-Jean de Latran, nommé d’abord de Saint-Jean de Jérusalem et des frères hospitaliers, était située entre les rues Saint-Jacques, des Noyers, de Saint-Jean de Beauvais et la place Cambrai, comme on le voit sur le plan général gravé à la planche II ; les principales constructions qui ont survécu jusqu’à nos jours consistaient, 1° en une vieille tour A, dans laquelle on logeait des pèlerins de Jérusalem, 2° en un réfectoire B, 3° en une église C, dont les détails sont gravés à la planche Ire. L’origine de cette église était une chapelle élevée vers le milieu du XIIe siècle, lors de la fondation de la commanderie ; une église plus étendue, dont le plan est gravé au milieu de la planche, avait remplacé la chapelle au commencement du XIIIe siècle ; on l’avait accrue, au XIVe, d’une chapelle latérale A ; l’abside fut refaite au XIVe siècle.
La façade consistait en une haute construction en grand appareil de pierre, terminée en pignon, et dans laquelle étaient pratiquées une porte en ogive dépourvue de tout ornement, et une grande fenêtre. Au nord de cette façade s’élevait la chapelle latérale soutenue par des contre-forts ; on y avait établi une grande fenêtre close par des meneaux. La coupe sur la ligne AB du plan, gravée à la droite de la planche, indique la construction peu soignée de l’église, relativement à celle de la chapelle, puis la forme des hautes fenêtres de la nef, ainsi que les traces d’une double voûte appelée au nord contre l’édifice, enfin l’ensemble de la chapelle latérale et les grandes baies ornées de meneaux qui l’éclairaient de ce côté. Ces deux fenêtres ont été transportées au musée de Cluny lors de la destruction du monument.
Une coupe longitudinale, montrant ce qui restait de l’église, est gravée aussi au bas de la planche ; l’ensemble est divisé en quatre travées dont les retombées de voûtes et leurs nervures sont supportées par de courtes colonnes en faisceaux et posées sur des consoles, à trois mètres au-dessus du pavé ; de grandes fenêtres éclairaient cette nef ; dans la première travée une porte très-simple servait à communiquer de la nef à la chapelle latérale.
p. 142-143 : époque chrétienne
COMMANDERIE DE SAINT-JEAN DE LATRAN, planche II
Détails de la commanderie
La planche II de la commanderie de Saint-Jean de Latran contient le plan général dans lequel de nombreuses habitations et des jardins sont indiqués autour des trois édifices déjà mentionnés. A la gauche de ce plan ont été tracés les trois étages de la grande tour A, qui servait à loger les pèlerins de Jérusalem ; on entrait dans chacun de ces étages par un escalier qui leur était commun et qui a été détruit depuis longtemps. Les coupes dessinées en regard des trois plans indiquent la disposition de ces salles, qui étaient voutées, et avaient été décorées, au rez-de-chaussée, au premier et au second étage, de piliers saillants supportant les nervures des voûtes, et de faisceaux de colonnettes ; les plans de ces diverses parties de la construction sont tracés au bas de la planche. Au-dessous du plan général de la commanderie est dessiné celui d’un grand cellier situé sous le réfectoire des pèlerins, et dont les restes ont été découverts il y a peu d’années en B sur la place Cambrai. Le réfectoire était une longue salle composée de treize travées, la voûte inférieure portait sur d’épaisses colonnes de style romain, comme on peut le voir par la coupe tracée plis bas.
L’église de la commanderie de Saint-Jean de Latran était décorée d’un remarquable tombeau élevé à la mémoire de Jacques de Souvré, commandeur de Saint-Jean-de-Jérusalem, grand prieur de France, mort en 1671 ; il avait été exécuté par Michel Anguier.
L’ensemble du monument et le groupe qui représentent Jacques de Souvré sont dessinés au bas de la planche. Les sculptures ont été recueillies par Alexandre Lenoir, au musée des Monuments français. Le groupe de Souvré est maintenant au musée du Louvre.
