Numérotation des maisons à Paris 1788-1810

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Trois systèmes de numérotation des maisons à Paris se succèdent de l'Ancien Régime à l'Empire, le système royal, le système sectionnaire, le système impérial.

Trois types de n° d'immeubles à Paris

Le système dit royal

C'est à l'initiative et aux frais de Kreenfeldt de Storcks, riche particulier, chargé d'affaires à Paris de l'électeur de Cologne, que l'on doit le tout premier système de numérotation d'immeuble, avalisé par le Pouvoir royal. Kreenfeldt fait parcourir les rues de Paris par des ouvriers qui peignent un numéro à côté de chaque porte : porte d'entrée principale, porte cochère, porte de service, porche. Depuis la première porte à l'une des extrémités de la rue, les numéros s'égrènent en ordre croissant tout au long du même côté. Au bout de la rue la séquence se poursuit de l'autre côté pour se terminer à la dernière porte en face de la première.

Pour cette artère centrale qu'est la rue Saint-Honoré, la numérotation "royale" commence à l'Est de la rue au croisement avec la rue de la Lingerie. Du n°1 au n°394 elle désigne, à la suite, les portes d'immeuble du côté Nord dans le sens Est-Ouest, jusqu'à la troisième Porte Saint-Honoré, démolie en 1732, à l'angle Saint-Honoré - rue Royale - Boulevard Saint-Honoré. Puis, en retour, elle fait de même avec le côté Sud de la rue, de l'angle de la rue Royale, n°395, jusqu'au n°734, au carrefour avec la rue des Déchargeurs.

Le système sectionnaire

La numérotation des immeubles, dite "numérotation sectionnaire", découle de la nouvelle fiscalité des biens fonciers instaurée fin 1790[1]. Elle nécessite un nouveau recensement des articles de propriété dans une logique autre que celle des terriers de l'Ancien régime.

À Paris, le recensement est confié aux sections qui, elles-mêmes, délèguent des commissaires aux fins de procéder à ces recensements. Les commissaires doivent se conformer à l'Instruction jointe au décret de novembre 1790 : « L'ordre le plus convenable à suivre dans l'énonciation des propriétés est de commencer autant que possible par les propriétaires qui sont le plus au levant et de faire successivement le tour de la section pour passer ensuite à celles qui en forment le centre ».

Tous les registres fonciers de cette période ayant été brûlés en 1871 dans l'incendie de l'Hôtel-de-Ville, la reconstitution des systèmes de numérotation des propriétés foncières, et donc des immeubles, s'avère complexe et nécessite de procéder section par section.

Dans la réalité on constate que les sections ont adopté des logiques très différentes, manifestement sans aucune coordination. On constate aussi que loin de toujours donner des numéros aux articles de propriété (unités d'imposition foncière), les commissaires ont souvent numérotés les portes, comme dans le système "royal". Ainsi dans une section les numéros peuvent dépasser le nombre 1000.

Le système impérial

Le système de numérotage dit "impérial" est instauré par un décret impérial du 15 pluviôse an XIII [4 février 1805]. Il est mis en œuvre immédiatement et permet aux éditeurs d'almanachs de localiser les commerçants et les particuliers dès l'édition suivante pour 1806 [2].

Le système perdure jusqu'à nos jours. Il consiste à numéroter les unités foncières (parcelle, maisons) de part et d'autre de chaque voie en ordre croissant, numéros impairs à gauche, numéros pairs à droite. Le point de départ de la rue et donc de sa numérotation est, en principe, l'extrémité la plus proche de la Seine.

Sources

Dominique Waquet, Décoder les numéros sectionnaires d’immeubles de 1791. Le cas de la rue Saint-Honoré à Paris, Paris, Société des Études Robespierristes, novembre 2017. Lire en ligne.

Notes et références

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  1. Décret de l'Assemblée Nationale des 20, 22 et 23 novembre 1790. (Archives Parlementaires, t. 20, p. 698-721.)
  2. Duverneuil et de La Tynna, Almanach du commerce de Paris et des départements de l'Empire français et des principales villes d'Europe, Paris, Valade, Capelle et Renard, 1806, 798 p.