Rue Saint-Honoré (Paris) Parcelles et habitants Révolution-Empire
La rue Saint-Honoré, plus longue rue de Paris au XVIIIe siècle[1], artère centrale du commerce de luxe, est également au cœur de la vie politique de la période 1788-1810 par sa proximité avec les assemblées parlementaires siégeant à la salle du Manège puis à la salle des Machines, le Palais des Tuileries, le Palais du Tribunat et les lieux emblématiques de la période révolutionnaire comme le couvent des Jacobins.
Sur le plan topographique et administratif elle présente la singularité, à partir de 1791, d'être limitrophe de 7 des 48 sections de la capitale et donc de faire coexister 7 systèmes différents de numérotation des immeubles et parcelles.
Dès l'Empire, la rue Saint-Honoré subit les premiers contrecoups d'une des principales opérations d'urbanisme du XIXe siècle : le percement de la rue de Rivoli décidé par les Consuls en 1801 pour son premier tronçon de la rue Saint-Florentin à la rue Saint-Nicaise. Mais c'est l'ouverture du deuxième tronçon entre la rue Saint-Nicaise et la rue Saint-Antoine entre 1830 et 1850 qui va engendrer les plus grands bouleversements urbanistiques, principalement autour du Palais-Royal.
Dans le cadre du projet localisations parisiennes de 1780 à 1810, ce sous-ensemble présente les caractéristiques de chacune des 418 parcelles de la rue Saint-Honoré, ses propriétaires, ses numéros successifs, ses occupants et éventuellement ses résidents.
Les parcelles sont désignées ici par leur numéro de type Empire, créé par décret du 15 pluviôse an XIII [4 février 1805], le seul système de numérotage homogène dans toute la rue pour cette période allant de l'Ancien Régime à la Restauration. Ce numérotage, alors entièrement nouveau et dont le principe subsiste de nos jours, se substitue au système dit sectionnaire au cours de l'année 1805.
Une parcelle, reçoit un seul numéro. La parcelle est bâtie avec, en général, un seul immeuble sur rue, mais avec parfois d'autres immeubles sur cour. Les numéros, en démarrant à l'Est, sont répartis, pour les impairs, côté Sud de la rue Saint-Honoré, à partir de la rue des Déchargeurs, pour les pairs, côté Nord, à partir de la rue de la Lingerie. Voir la liste des parcelles par ordre de numéro Empire.
Parcelles et paroisses au XVIIIe siècle
Pour localiser dans Paris un habitant, un commerce, un immeuble, la plupart des actes officiels de l'Ancien Régime fournissent le nom de la voie où est localisée la personne, parfois un indicateur de proximité (près de, face à, vis-à-vis,...) et presque toujours la paroisse à laquelle est rattaché ce lieu. Ceci vaut pour l'état-civil (Baptême, Mariage, Sépulture), les actes juridiques (tutelles, successions,...), les contrats civils et commerciaux.
Les maisons et parcelles de la rue Saint-Honoré sont rattachées à trois paroisses :
- Au Nord-Est
Paroisse Saint-Eustache : de la rue de la Lingerie, n°2 (Empire) à la rue de Richelieu, n°218 (Empire). Voir les parcelles rattachées à cette paroisse.
- Au Sud-Est
Paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois : de la rue des Déchargeurs n°1 (Empire) à la rue Saint-Nicaise[2] n°267 (Empire). Voir les parcelles rattachées à cette paroisse.
- A l'Ouest
Paroisse Saint-Roch : de la rue de Richelieu n°220 (Empire) au boulevard Saint-Honoré (ou boulevard du Rempart) n°420 (Empire) ET de la rue Saint-Nicaise, n°269 (Empire) à la rue Royale n°389 (Empire). Voir les parcelles rattachées à cette paroisse.
Parcelles et sections (1790-1805)
A partir de 1790, les ilots de la rue Saint-Honoré et leurs parcelles sont répartis en sept sections de part et d'autre du Palais-Royal :
- Au Nord-Est :
- de la rue de la Lingerie, n°2 (Empire) à la rue de la Tonnellerie, n°34 (Empire) (Section des Marchés). Voir les parcelles situées dans cette section.
- de la rue de la Tonnellerie, n°36 (Empire) à la rue du Four, n°74 (Empire) (Section du Contrat-Social). Voir les parcelles situées dans cette section.
- de la rue du Four, n°76 (Empire) à la rue des Bons-Enfants, n°192 (Empire) (Section de la Halle-aux-Blés). Voir les parcelles situées dans cette section.
→ Pour retrouver le numéro Empire d'une parcelle du segment Nord-Est de la rue Saint-Honoré à partir d'un autre numéro (terrier, royal, sectionnaire, actuel) → consultez LA TABLE DE CORRESPONDANCE des numéros des parcelles Nord-Est.
- Au Nord-Ouest :
- de la rue des Bons-Enfants, n°194 (Empire) à la rue de la Place-Vendôme, n°354 (Empire) (Section de la Butte-des-Moulins). Voir les parcelles situées dans cette section.
- de la rue de la Place-Vendôme, n°356 (Empire) à la rue Royale, n°420 (Empire) (Section de la Place-Vendôme). Voir les parcelles situées dans cette section.
→ Pour retrouver le numéro Empire d'une parcelle du segment Nord-Ouest de la rue Saint-Honoré à partir d'un autre numéro (terrier, royal, sectionnaire, actuel) consultez LA TABLE DE CORRESPONDANCE des numéros des parcelles Nord-Ouest.
- Au Sud-Est :
- de la rue des Déchargeurs, n°1 (Empire), à l'Est de la place du Palais-Royal, rue Fromenteau, n°231 (Empire) (Section Gardes-Françaises). Voir les parcelles situées dans cette section.
- Au Sud-Ouest :
- de l'Ouest de la place du Palais-Royal, rue de Chartres, n°235 (Empire), à la rue Royale, n°389 (Empire) (Section des Tuileries). Voir les parcelles situées dans cette section.
Parcelles et arrondissements "anciens" (1795-1859)
La loi du 19 vendémiaire an IV [11 octobre 1795] redistribue les sections de Paris, désormais appelées "divisions", en douze arrondissements[3]. Le numérotage "sectionnaire" des parcelles instauré en 1790 perdure cependant jusqu'en 1805.
À partir de 1795, les ilots de la rue Saint-Honoré et leurs parcelles sont ainsi répartis entre quatre arrondissements.
- À l'Est de l'axe Bons-Enfants - Fromenteau :
- Toutes les parcelles sont rattachées au 4ème arrondissement sauf celles appartenant à deux ilots du côté Nord situés entre la rue de la Tonnellerie et la rue du Four. Voir les parcelles situées dans le 4ème arrondissement.
- Parcelles rattachées au 3ème arrondissement situées côté Nord entre la rue de la Tonnellerie n°36 (Empire) et la rue du Four, n°74 (Empire). Voir les parcelles situées dans le 3ème arrondissement.
- À l'Ouest de l'axe Bons-Enfants - Fromenteau :
- Les parcelles du côté Nord de la rue Saint-Honoré, depuis la rue des Bons-Enfants, n°194 (Empire) jusqu'à la rue Royale, n°420 (Empire) sont toutes rattachées au 2ème arrondissement. Voir les parcelles situées dans le 2ème arrondissement .
- Les parcelles du côté Sud de la rue Saint-Honoré, depuis la rue Fromenteau, n°231 (Empire) jusqu'à la rue Royale, n°389 (Empire) sont toutes rattachées au 1er arrondissement. Voir les parcelles situées dans le 1er arrondissement.
Événements urbanistiques
- Sous le Directoire
En l'an III, le Directoire décide de démolir l'ancien couvent des Jacobins et de faire construire sur cet emplacement un marché couvert
- Sous le Consulat et le Premier Empire
- La rue de Rivoli et les rues adjacentes
Les arrêtés des Consuls du 17 vendémiaire an X (9 octobre 1801), du 1er floréal an X (21 avril 1802) et du 7 floréal an XII [27 avril 1804] portent création d'une nouvelle rue « percée...dans toute la longueur du passage du Manège jusqu'à celle de Saint-Florentin », baptisée rue de Rivoli en 1804 et de quelques autres voies ouvertes entre 1805 et 1809, en particulier la rue du Mont-Thabor la partie sud de la rue Neuve-du-Luxembourg, la rue de Castiglione, ouverte en 1811 (Beck, Nomenclature des rues, p. 266), deux maisons en 1812, la rue des Pyramides, sans immeubles en 1812. [4]
Ces décisions de voirie ont un impact sur de nombreuses parcelles de la rue Saint-Honoré (voir le plan ci-dessous. Les premières démolitions commencent rapidement autour des Tuileries sur des parcelles qui pour certaines d'entre elles ont été confisquées en 1790-1791 et sont donc soit encore propriété du Domaine National soit propriété de particuliers après acquisition au Domaine National (Sommier des Biens Nationaux, t. 1). Entre 1802 et 1810 le couvent des Feuillants, la salle du Manège, les ci-devant Écuries du Roi sont ainsi détruits tandis que les jardins des couvents de l'Assomption, des Capucins, le petit hôtel de Noailles, le grand hôtel de Noailles, l'hôtel de Jonzac et l'hôtel de Boullogne sont largement amputés.
- Les rues Duphot et Richepance
Les rues Duphot et Richepance sont ouvertes sur les terrains de l'ancien couvent de la Conception par arrêtés ministériels respectivement de prairial an VIII et de frimaire an XI. Les travaux de percement ne sont cependant entrepris qu'en 1807 [5]..
- Le Marché Saint-Honoré et la rue du Marché Saint-Honoré
Pour accéder au marché Saint-Honoré depuis la rue Saint-Honoré le ministre de l'Intérieur arrête le 18 prairial an VIII [7 juin 1800] l'ouverture d'une voie nouvelle dénommée rue du Marché Saint-Honoré qui n'est percée en 1807 qu'après un dernier décret d'application du 31 janvier 1807 autorisant la destruction du triple de l'ancien couvent des Jacobins et les expropriations nécessaires (Lacaze, Dictionnaire, 1855, p. 409-411.
- Sous le Second Empire
De 1852 à 1855, le Second Empire met en œuvre les décisions du Gouvernement Provisoire qui, par trois décrets des 24 mars, 3 mai et 4 octobre 1848, avait autorisé le prolongement de la rue de Rivoli entre les rues de Rohan et Saint-Antoine. Les dispositions et modalités des expropriations nécessaires au percement du deuxième tronçon de la nouvelle voie imposent près de 70 expropriations rue Saint-Honoré [6]dans son segment le plus proche de la rue de Rivoli de part et d'autre du Palais-Royal, comme l'indique le plan ci-dessous.
Les destructions de maisons du XVIIe et du XVIIIe siècles, la construction de nouveaux immeubles sur des ilots entièrement redessinés modifient définitivement le paysage urbain sur ces 500 m de la rive Sud, soit près du quart de ce côté de la rue Saint-Honoré.
Bibliographie
- Boulenger, Jacques, Dans la vieille rue Saint-Honoré, Paris, Firmin-Didot et Cie, 1931, Coll. "Ma maison, ma rue, mon quartier" (BHVP).
- Hoche, Lucien, La rue Saint-Honoré, Paris Occidental du XIIe au XIXe siècle, Paris, Henri Leclerc, 1912. Voir sur Gallica le tome 1, l'appendice 1,l'appendice 2.
- Jacoubet, Théodore, Atlas général de la Ville, des Faubourgs et des monuments de Paris, 1836, (BHVP, FM AT 11, numérisé). Rue Saint-Honoré Ouest : feuille 22 (quartier Tuileries), Consulter en ligne, Rue Saint-Honoré Est : feuille 23 (quartier Saint-Eustache et ses environs) Consulter en ligne.
- Hénard, R., La rue Saint-Honoré, des origines à la Révolution à nos jours, Paris, Émile-Paul Éditeur, 1908, 550 p. (BHVP 944361) Consulter en ligne.
Notes et références
Les sources et références générales du projet Localisations parisiennes 1780-1810 sont regroupées dans : Sources & Références (Paris 1780-1810)
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- ↑ À la fin du XVIIIe siècle, la rue Saint-Honoré, la plus longue de la Rive Droite avec ses 950 toises (soit 1 851 m) devant la rue Saint-Denis (690 toises) et la rue Saint-Martin (600 toises), relie les quartiers populaires de l'Est aux hôtels particuliers des princes et ducs, à l'Ouest. (R.H. Prévost de Saint-Lucien, État actuel de Paris ou le Provincial à Paris, Paris, Watin fils éditeur, 1787, tome I, Quartier du Louvre, p.76).
- ↑ En réalité, comme l'indique le plan des paroisses de Junié, la limite entre la paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois et la paroisse Saint-Roch passe entre deux parcelles de l'ilot rue Saint-Louis-rue Saint-Nicaise, le long du mur Ouest de l'hospice des Quinze-Vingts.
- ↑ Ce découpage perdure jusqu'à la loi du 16 juin 1859, applicable au 1er janvier 1860. Cette loi incorpore les faubourgs à la ville de Paris et porte à vingt le nombre d'arrondissements municipaux. (Bulletin des lois de l'Empire français, t. XIV, XIe série, no 738, 3 novembre 1859, p. 747–751).
- ↑ La Tynna, Dictionnaire des rues, 1812, p. 313, 267, 83, 396.
- ↑ Beck, Nomenclature des rues de Paris, 1904, p. 220, 560. Pessard, Dictionnaire des rues, ... p. 483, 1260.
- ↑ AN, F/21/1707, Préfecture de la Seine, Ville de Paris, Registre des décisions du premier Jury d'expropriation Rue de Rivoli (Arcades), 1853 ; Registre des décisions du deuxième Jury d'expropriation Rue de Rivoli (Abords du Louvre), 1854.