Couvent des Jacobins (Paris 1790)

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Le couvent des Jacobins (Plan dit de Turgot, par Bretez, 1739, Fo 18)

Propriétaire avant 1789

Les Jacobins.

Propriétaire Révolution-Empire

  • Le Domaine National.
  • La compagnie Bodin

Le grand emplacement n°1485 (Butte), comprenant tous les bâtiments claustraux servant aux ci-devant religieux Jacobins et démolis en prairial an III sur décret de la Convention, est vendu le 29 messidor an VIII [4 juillet 1800] à la compagnie Bodin pour y construire un marché couvert. (Sommier, t. 1, art. 847, p. 314).

La compagnie Bodin est constituée de Louis Bodin et Victor Bodin, entrepreneur général des services de l'Armée d'Italie à Lyon. (Id. p. 328)

Descriptions des bâtiments et du mobilier

COUVENT DES JACOBINS

La congrégation des religieux dominicains réformés, appelés communément Jacobins depuis le début du XVIIe siècle, est "assignée" au vaste, créé à cet emplacement en 1613 par le P. Michaelis. Les premiers bâtiments, de dimensions modestes, destinés à accueillir une vingtaine de religieux sont rapidement agrandis. Le petite chapelle est ainsi remplacée dès 1619 par une église « pouvant contenir près de 600 fidèles » (M. Gasnier, Les Dominicains, p. 105).

Jean de Rechac (1604-1660), religieux dominicain témoin de l'époque et premier historien français de l'ordre, indique qu'au milieu du XVIIe siècle, le couvent peut accueillir une centaine de religieux et que depuis 1630 jusqu'en 1646 « ils n'ont pas été moins de quatre-vingts » [1].

Le couvent accueille régulièrement des religieux de tous âges venus à Paris entamer ou poursuivre des études de théologie dans ce couvent ou de philosophie à la Sorbonne.

La chapelle du couvent accueille les fidèles du quartier comme l’indique le bail de chaises s’élevant à 1 500 l. en 1780 [2].

VENTE DES DOMAINES NATIONAUX

Estimation faite par MM. Verniquet [3] et Mouchelet [4].

Église, Bâtiments, Cours et Jardins composant le monastère des Jacobins, Rue St Honoré.

« L'église a sa principale porte d'entrée en face du passage qui donne dans la rue St Honoré. Elle consiste en une nef dont les murs sont percés d'arcades formant cinq chapelles et une entrée collatérale de chaque côté. Au fond est le sanctuaire et le maître-autel précédé d'une grille à hauteur d'appui[...] Les chapelles sont éclairées par des vitraux garnis de grilles de fer en dehors et la nef par d'autres vitraux formant lunettes dans le berceau du haut. Ledit berceau est lambrissé, en plâtre sur des courbes de charpente qui tiennent à la couverture [...] Derrière le maître-autel est le chœur dans lequel se trouve un autel adossé au précédent et au-dessus une galerie soutenue par deux colonnes en bois. Ce chœur est garni de deux rangs de stalles et orné d'un lambris en son pourtour. Il est éclairé par deux grands vitraux garnis de barreaux de fer. La partie du haut est lambrissée en plâtre en forme de voute et le sol planchéié [...] À droite, en sortant du chœur, se trouve un vestibule dans lequel [...] un escalier conduisant aux dortoirs. En sortant à gauche du même chœur est un autre vestibule dans lequel se trouvent un escalier et la porte d'entrée d'une sacristie ; à côté, un corridor fermé par deux grilles de fer conduisant à une seconde sacristie [...]

28 février 1791. Séance du club des Jacobins, bibliothèque du couvent, Carnavalet Voir l'original de Vangorp

Derrière et attenant l'église, sont trois corps de logis formant l'enceinte d'un petit jardin qui est à la suite du chœur et au pourtour duquel est le cloître, et sur les côtés deux pavillons formant saillie sur la grande cour. Dans le pavillon à droite est une porte chartière donnant dans le grand jardin, et dans celui à gauche une pareille porte conduisant dans une seconde cour dépendante du monastère. Lesdits trois corps de logis et pavillon élevé de deux étages au-dessus du rez-de-chaussée [...] Les deux étages desdits trois corps de logis, excepté une partie du deuxième, sont divisés en cellules de religieux, séparées dans le sens de la longueur des bâtiments par un grand corridor qui règne au pourtour [...] Dans le corps de logis à droite, toute la partie du deuxième étage formait la bibliothèque à côté de laquelle dans la partie en retour existe encore un cabinet d'histoire naturelle [5]. La bibliothèque est carrelée, lambrissée en plâtre en forme de voûte et revêtue en son pourtour d'un lambris divisé par des compartiments et cases pour recevoir les livres. Ladite pièce éclairée par un grand vitrail et par six croisées cintrées garnies de verre ordinaire [...]
À gauche de la façade du jardin est un corps de logis en aile contenant, à rez-de-chaussée un grand passage pour les voitures et une cage d'escalier et contre ledit corps de logis et du côté du jardin est adossé un appentis élevé d'un rez-de-chaussée formant d'un côté le prolongement dudit passage et de l'autre une espèce de remise dans laquelle est le réservoir des eaux concédé par la Ville à cette communauté [...] Derrière le même corps de logis en aile est adossé un autre édifice élevé comme le bâtiment précédent, contenant à rez-de-chaussée, un passage de voiture qui est vouté, en moëlons avec chaîne de pierre et à chacun des deux étages supérieurs trois pièces et un cabinet [...]
Du même côté et attenant ladite aile sont trois autres corps de bâtiments également élevés de deux étages au-dessus d'un soubassement, lesquels forment avant-corps sur le jardin et retour sur la troisième cour [...] Dans la cour où se trouvent lesdits trois corps de bâtiment, il a été construit un mur de clôture pour intercepter la communication de la caserne avec l'intérieur du couvent. Les deux étages desdits trois corps de bâtiment sont divisés chacun en onze pièces et un corridor, auxquelles on communique tant par les grands dortoirs que par les deux derniers escaliers désignés ci-dessus [...]
En face des bâtiments précédents est un autre corps de logis de même élévation qu'eux, lequel forme actuellement la caserne d'une des compagnies du Centre de la Garde nationale [...] Dans la longueur de la cour de ladite caserne, il a été construit un mur de clôture pour intercepter la communication des soldats avec l'extérieur du monastère [...]
En conséquence de ce que dessus, nous Edme Verniquet, expert nommé par le Comité de l'Assemblée Nationale chargé de l'aliénation des Domaines Nationaux, et nous Georges Louis Mouchelet, expert nommé par la Commission de la Commune de Paris, chargée de faire l'acquisition desdits domaines, avons estimé ledit monastère et ses dépendances, à l'exception des objets réservés par le présent rapport, à la somme de deux millions trois cents mille livres. » (Archives Nationales, Q2/121/14, Comité d'aliénation des biens nationaux, MM. Verniquet et Mouchelet, experts, Couvent des Jacobins, Procès-verbal d'estimation, Paris, 1er février 1791).

Voir et télécharger sur archive.org l'intégralité de la transcription du rapport des experts par Dominique Waquet (février 2020).

« L'église de ces religieux qui sont de l'ordre de Saint-Dominique, est assez grande. Elle fût bâtie en 1632 [6]. Ce qu'il y a de plus remarquable est le tombeau du célèbre Mignard, un de nos premiers maîtres de l'école française, … Ces R.P. ont une bibliothèque fort bien composée, surtout en manuscrits arabes. » (Prévost, Le Provincial, t. Louvre, 2ème partie, p. 55-56).

  • Le Comité ecclésiastique décide, le 31 août 1790, que le contenu de la bibliothèque sera transféré à la bibliothèque des Capucins de la rue Saint-Honoré (Tuetey, Répertoire, t. 3, art 900, 981). L'inventaire de la bibliothèque est terminé en janvier 1790, il tient dans un catalogue de 58 pages et est remis à M. Ameilhon, bibliothécaire de la Ville, qui se charge de faire transporter les livres (Tuetey, Id, art. 979-980).
  • En octobre 1790, M. Doyen est chargé de réaliser l'inventaire des peintures et des tableaux et M. Mouchy celui des sculptures du couvent (Tuetey, t. 3, art. 1454). L'inventaire est terminé en décembre (Id., art. 1466).
  • Début mai 1791, les tableaux et le buffet d'orgue de l'église sont transférés au ci-devant couvent des Petits-Augustins (Tuetey, t. 3, art. 1441).
  • En juin 1791, deux calices d'argent et leurs patènes sont envoyés à l'Hôtel des Monnaie pour être fondus (Tuetey, Répertoire, t. 3, art. 4426). Les cloches de l'église sont enlevées le 11 août 1791 pour être fondues (Tuetey, Répertoire, t. 2. art. 2413).

L'occupation du couvent par le Club des Jacobins

Les salles et pièces du couvent occupées par le Club des Jacobins ne sont pas toutes définitivement situées. Même les lieux les plus connus, comme la bibliothèque, soulèvent encore des interrogations sur leur implantation et leurs aménagements.
Les récits et témoignages concordent sur un point : les réunions du Club se sont tenues successivement en trois endroits, de plus en plus spacieux à mesure de l'augmentation du nombre des membres du club et de l'élargissement de l'assistance autorisée à assister aux séances de la Société.

La première salle des séances : réfectoire, chapitre ou bibliothèque ?

A. Aulard, malgré la rigueur et l'étendue de ses recherches (voir bibliographie, en particulier La Société..., t. 1, p. XVI-XXII) souligne que ni la date ni la salle du couvent initialement louée au club ne peuvent être déterminées avec précision, tant divergent les récits des acteurs et témoins de cette période.

  • Alexis Dubois-Crancé indique que les membres du club breton cherchaient un local « à portée de la nouvelle salle des séances du corps constituant qui venait d'être établi au Manège des Tuileries [octobre 1789]. On trouva le prieur des jacobins de la rue Saint-Honoré disposé à prêter la salle de la bibliothèque du couvent et l'on s'y installa. » [7].
  • Alexandre de Lameth écrit, lui, : « Les députés des provinces éloignées de la capitale [...] désiraient qu'on établit un point de réunion pour se concerter sur la direction des affaires publiques [...] On fit des recherches dans les environs de l'Assemblée et on loua pour deux-cents francs par an le réfectoire du couvent des Jacobins, et pour une somme pareille le mobilier qui consistait en chaises et tables pour le bureau. La première séance réunit cent députés et le lendemain un nombre double » [8].
  • Millin de Grandmaison, archéologue respecté à l'époque, lui-même membre du Club, demeurant aux Feuillants dans l'immédiat voisinage des Jacobins, après avoir visité les lieux à la fin de 1790, raconte : « Plusieurs des ses membres [du comité breton] cherchèrent un local voisin des Tuileries ; les jacobins leur offrirent leur chapitre, qu'ils acceptèrent, ..., les bancs qui entouraient la salle pour la tenue du chapitre, et quelques chaises avaient d'abord suffi. Il fallut ensuite faire pratiquer des bancs en gradin pour placer le plus grand nombre de personnes. » [9].

Discussion : Les deux premiers témoignages diffèrent non seulement sur l'emplacement de la salle louée au Club par la Congrégation, mais aussi sur le résultat des élections pour la présidence lors de la première réunion du club dans ses nouveaux locaux parisiens. Dubois-Crancé indique que Le Chapelier a été élu président et lui-même secrétaire. Lameth, lui, note que Menou est élu président et que sont nommés 8 secrétaires dont lui-même.
Le témoignage de Millin d'apparence plus précise n'emporte pas la conviction car la taille de la salle du chapitre décrite par Verniquet et Mouchelet, comme située entre le parloir et deux passages vers le cloître et le jardin, ne semble pas suffisante pour accueillir même la seconde réunion de 200 membres, évoquée par Lameth, à supposer que son témoignage soit fiable.

La deuxième salle des séances : la bibliothèque

La tenue des séances du Club dans la Bibliothèque du couvent pendant l'année 1790 ne fait pas débat car tous les témoignages écrits et visuels concordent.
L'emplacement de la bibliothèque dans le couvent nécessite toutefois des éclaircissements du fait de la confusion de situation introduite par Millin .
Millin écrit : « ... Au premier étage [du couvent] sont les dortoirs qui étaient vastes et commodes et au-dessus de l'église on avait placé la bibliothèque. » [10] .

Discussion : La bibliothèque ne peut pas se trouver là où Millin la situe. Verniquet et Mouchelet, architectes reconnus jusqu'à aujourd'hui par la précision de leurs œuvres, placent la bibliothèque au deuxième étage du bâtiment Est, comme indiqué ci-dessus dans l'extrait de leur rapport d'estimation. De plus, dans leur description de l'église, ces experts précisent que « Ledit berceau [du haut de la nef de l'église] est lambrissé, en plâtre sur des courbes de charpente qui tiennent à la couverture, » ce qui ne laisse aucun espace disponible, même pas pour des combles, entre le plafond de l'église en berceau et la toiture. Cette absence d'espace au-dessus de la nef apparait bien sur les estampes où figure l'église. Dans la toiture ne prennent place que quelques lucarnes décrites par Verniquet et Mouchelet comme « d'autres vitraux formant lunettes dans le berceau du haut » [de la nef].
Quelques années plus tôt Thiéry présente déjà « la bibliothèque au deuxième étage, vaste et bien aérée, qui contient 32 mille volumes. » [11].
On peut penser que Millin a été victime d'une erreur d'orientation lorsqu'il est monté au deuxième étage du bâtiment conventuel Est.

Fin décembre 1790, la société des Jacobins recense 1100 membres à Paris. Cet effectif croit rapidement et Carra, le 19 mars 1791, prévient : « Déjà la Société est forcée de chercher un local qui puisse contenir au moins 3 000 personnes habituellement ; et si nos calomniateurs continuent il faudra tenir nos séances dans une des plus grandes églises de Paris. » [12].

La troisième salle des séances : l'église

L'église du couvent, comme la plupart des églises de Paris, est fermée au culte au printemps 1791, en application de l'arrêté du département du 11 avril 1791 [13].

Dès le 15 avril, la Société des Jacobins obtient l'accord du département de Paris, pour louer l'église, le chœur et les dépendances contre paiement d'un loyer de 1 200 livres par an. Le 28 mai 1791 elle peut donc transférer les réunions de la bibliothèque du monastère à son église (Tuetey, Répertoire, t. 2, art. 2557, p. 277). Le bail est signé ce même jour par François Deffieux et Pierre-Nicolas Millet au nom de la Société des Amis de la Constitution [14].

Grande séance aux jacobins en janvier 1792 (Estampe anonyme, Musée Carnavalet (Voir la notice détaillée).

L'église réaménagée pour les besoins des séances sert de décor à une estampe satirique datée de janvier 1792. Les propos et les caricatures des orateurs importent peu ici puisque l'intérêt du document réside dans ce qu'il révèle de la disposition des lieux et de ses réaménagements.

Au fond de la ci-devant église et pour gagner de la place, des gradins pour le public ont été dressés à la place du chœur, derrière l'ancien emplacement du maître-autel et de son retable, démontés fin 1790. Il n'est pas impossible que la tribune au-dessus de ces gradins, éclairée par trois vitraux, ne soit que le plafond de l'ancien chœur. Les gradins des membres de la Société sont élevés de chaque côté de la nef et, reprenant la disposition de la salle du Manège, le président et ses secrétaires siègent sur la tribune de droite, les orateurs sur celle de gauche. On aperçoit les chapelles murées et la chaire derrière la tribune du président. On peut noter le dessin de la voûte en berceau, nouvelle preuve de l'inexactitude de l'affirmation de Millin sur l'emplacement de la bibliothèque.

Les bureaux et les salles des comités

Une association de la taille du Club des jacobins emploie nécessairement du personnel permanent, rétribué ou volontaire, qu'il faut bien loger dans des bureaux. L'espace ne manque pas dans les bâtiments conventuels, mais peu d'indications subsistent sur les locaux mobilisés à cet effet.

En mai 1791, la Société des Amis de la Constitution fait fonctionner trois comités :
- Le comité de correspondance, 29 membres, un chef de bureau qui demeure rue Neuve-des-Petits-Champs, se réunit les mardi, jeudi et samedi à six heures du soir.
- Le comité de présentation et vérification, 30 membres, se réunit tous les jeudis à quatre heures du soir.
- Le comité d'administration ne regroupe que 12 membres. la fréquence et l'heure de ses réunions ne sont pas précisées dans la liste publiée par la Société le 1er mai 1791 (Aulard, op. cit. p. LXXVII). Les comités pourraient se réunir dans la salle des séances mais il plus vraisemblable qu'ils utilisent une salle plus petite pourvue de tables.

La Société accumule aussi les archives, les correspondances reçues des sociétés affiliées, des mémoires... Ces archives sont nécessairement conservées dans le couvent.

Occupations ponctuelles

L'existence des deux couvents de P. Dominicains à Paris, le couvent de la rue Saint-Jacques fondé au XIIIe siècle et celui de la rue Saint-Honoré créé en 1611, peut amener des confusions sur l'implantation réelle de personnes ou d'organisations pendant la période révolutionnaire.

Il en est ainsi des « ci-devant Enragés de l'Assemblée [qui préviennent, à la fin de 1789,] Messieurs et Dames de la nation, qu'ils s'assembleront dorénavant au couvent des Jacobins, à la salle des anciens ligueurs, près la cellule de Jacques Clément, leur patron. » [15]. Jacques Clément ayant vécu au XVIe siècle, on voit que ce groupe ne peut se réunir qu'aux Jacobins de la rue Saint-Jacques. De même est installé dans ce couvent de la rive gauche un important atelier de filature (Tuetey, Répertoire, t. 6, p. 172-176).

Les salles et l'église du couvent de la rue Saint-Honoré ont, elles, été utilisées ponctuellement dans divers buts :

  • Lieu de vote de la noblesse pour le "département" (circonscription) du Louvre et des Tuileries lors de l'élection aux États-Généraux le 21 avril 1789. (Delarc, L'Église, p. 70).
  • En mai 1791, les réunions de la Section Butte-des-Moulins se tiennent dans l'église et le cloître abrite un bureau de change des assignats en numéraire (Tuetey, Répertoire, t. 2, art. 2262).

Occupants réguliers jusqu'à la nationalisation

  • Les Dominicains réformés, congrégation de religieux installée au couvent des Jacobins (jusqu'au début de 1791).

La congrégation regroupe, en 1789, 16 religieux prêtres, un sous-diacre et quatre frères convers. Elle est administrée par les PP. Charles Grandjean, provincial, Nicolas Christophe, prieur, Nicolson, procureur, Fernebach, maître des novices et sacristain (Delarc, L'Église, p. 224).

Voir les membres de la Congrégation en 1790 et leurs biographies .

« Les RR. PP. Jacobins ont porté le 28 septembre 1789 à la Monnaie de Paris 194 marcs, 5 onces, 21 deniers de vaisselle d'argent. » (Journal de Paris, 20 octobre 1789, Supplément).

Peu de temps après la nationalisation des biens du clergé (14 novembre 1789) et la suppression des maisons monastiques (13 février 1790), les Dominicains réclament les pensions prévues par la Loi. (Les religieux Dominicains de la rue Saint-Honoré, Paris, Leclère 1790, 4 p., BN L39 b 3143, cité par Delarc, L'Église, p. 201).

  • La Ferme Générale, dépôt d'archives (1784-1791).

La Ferme Générale occupe des combles du couvent pour l'archivage de dossiers à partir de 1784 (Sommier des biens nationaux, t. 1, Éclaircissements sur l'art. 847, p. 323). « Au-dessus du deuxième étage est un grand grenier servant actuellement de dépôt pour les papiers de la ferme générale. » (Rapport des experts, 1791, op. cit. transcription p. 5)

  • La Société des Amis de la Constitution (voir ci-dessous).

Occupants réguliers à partir de la nationalisation

  • L'Atelier national de fabrication du salpêtre.

Cet atelier est installé dans le réfectoire (Sommier des biens nationaux, t. 1, Éclaircissements sur l'art. 847, p. 323).

  • Le Bureau de paix du 1er arrondissement est établi à partir de décembre 1791 dans la maison du cloître occupée par la Garde Nationale, compagnie du centre du district de Saint-Roch, elle-même transférée rue Verte début 1792 (Tuetey, Répertoire, t. 7, art. 769).

Ce bureau de paix et de conciliation tient encore ses séance au cloitre des ci-devant Jacobins Saint-Honoré jusqu'en 1796 (Alm. Nat. pour l'an II, p. 327-328, pour l'an III, p. 362-363).

  • Le Club des Amis de la Constitution devenu Société ou Club des Jacobins (de fin 1789 - début 1790 (?) au 11 novembre 1794)

Si l'on ne connait pas la date exacte d'installation du premier groupe de députés dans le couvent, il est établi que la Société des Jacobins y conserve son siège, ses bureaux et son lieu habituel de réunion jusqu'à sa fermeture par la Convention Nationale le 27 juillet 1794.(Voir Aulard, Histoire des Jacobins, bibliographie ci-dessous).

  • La Garde Nationale (A partir de septembre 1789).

Le 4 septembre 1789, le chapitre donne son accord pour loger dans des locaux du monastère la troupe soldée du district de Saint-Roch et fixe le loyer de ce casernement (Tuetey, Répertoire, t. 2, art. 896, p. 95). Les bâtiments conventuels à l'Ouest de la cour sont donc libérés pour le casernement de la 3ème compagnie du 10eme bataillon (Saint-Roch) de la 6ème division. Cette "compagnie du centre" forte de 78 hommes appointés permanents, est commandée par MM. Bergeron, capitaine, Tachoires, lieutenant, Koch, sous-lieutenant. Elle compte un sergent-major, quatre sergents et huit caporaux (Bretelle et Alletz, Almanach militaire… , fasc. 3, p. 162). (Tuetey, Id., art. 1154).
Les architectes experts du couvent confirment en février 1791 que l'un des bâtiments à gauche de l'église « forme la caserne d'une compagnie du Centre de la Garde Nationale » et que des murs ont été élevés pour « intercepter la communication des soldats avec l'extérieur du monastère. »
Le 24 décembre 1791, le Directoire du département de la Seine décide que la Garde Nationale casernée aux Jacobins sera transférée dans la caserne rue Verte dans les meilleurs délais pour laisser la place au Bureau de paix du 1er arrondissement (Tuetey, Répertoire, t. 7, art. 769).

  • La Société fraternelle des patriotes de l'un et l'autre sexe, défenseurs de la Constitution (ou Société fraternelle des deux sexes), fondée par Claude Dansard, maître de maison garnie.

La société envoie une adresse à l'Assemblée Nationale le 15 juin 1790 (Tuetey, op. cit, t. 2, art. 2806). Elle porte plainte contre le vol des clefs de l'église où elle tient ses séances .(Tuetey, op. cit, t. 2, art 2164). Autres traces de son existence, séante à la bibliothèque des Jacobins le 19 juillet 1791 (Tuetey, Répertoire, t. 1, art. 2476, art. n°3020), le 15 août 1791 (Id, art. 2809). La société fraternelle des deux sexes continue à siéger à la bibliothèque après que le Club des jacobins ait quitté ce lieu et au moins jusqu'en avril 1792 (Tuetey, Répertoire, t. 6, art. 13, 15).

  • La Société des défenseurs de la République

La société des défenseurs de la République est affiliée au Club des Jacobins. Elle verse 300 livres par an pour disposer du rez-de-chaussée de l'ancienne caserne de la garde Nationale (Sommier des biens nationaux, t. 1, Éclaircissements sur l'art. 847, p. 323). Elle siège au moins jusqu'en août 1793 (Tuetey, Répertoire, t. 9, art. 1128).

  • La Société des républicaines révolutionnaires siège dans la bibliothèque des Jacobins en juillet 1793 (Tuetey, Répertoire, t. 9, art. 765).
  • Le Tribunal de district (1790)

« Le corps municipal arrête que sera placé provisoirement le tribunal du district des sections des Tuileries, des Champs-Élysées, du Roule, de la Place Vendôme, du Palais-Royal, de la Bibliothèque, de la Grange Batelière et des cantons de Nanterre et de Passy dans une grande salle du couvent des Jacobins, rue Saint-Honoré, entre cour et jardin. » (Délibération du corps municipal du 25 novembre 1790, S. Lacroix, Actes de la Commune de Paris, 2ème série t. I, p. 385.
Note : Il peut s'agir soit de la salle du réfectoire soit plus vraisemblablement de la salle du chapitre, l'une des deux venant manifestement d'être libérée par le club des jacobins.

Le "Tribunal du 1er arrondissement de Paris", dont le ressort s'étend aux mêmes sections et cantons, est composé en 1791 de MM. du Port, président, MM. Morel, Garran, Hérault, Alix, juges titulaires, MM. Mellet, Carrouge, Archambault, Pons, juges suppléants (Journal de Paris, 4 janvier 1791, p. 16). Il est transféré à la ci-devant Cour des Aides en 1793 (Alm. Nat. pour l'an II, p. 327-328).

Résidents dans les locaux du couvent

  • Coster, Sigisbert-Etienne, chanoine de la cathédrale de Verdun, vicaire général, député aux États-Généraux et à l'Assemblée Nationale Constituante, cloitre des Jacobins, rue Saint-Honoré (1790-1791) (Brette, États Généraux, t. 2. Gallica).
  • Jacquemart, Claude, curé de Brissarthe, député aux États-Généraux et à l'Assemblée Nationale Constituante, cloître des Jacobins Saint-Honoré, rue Saint-Honoré (1791) (Brette, États Généraux, t. 2. Gallica).
  • Des députés au Pacte fédératif logés dans des chambres du ci-devant couvent et protégés par un factionnaire pendant les 3 jours de la Fête de la Fédération sur proposition de Boivin de Blancmure, du district de Saint-Roch, le 9 juillet 1790 (Tuetey, Répertoire, t. 2 , art. 1170, p. 123). A cette occasion toutes les chambres disponibles du ci-devant couvent sont occupées comme le signale le P. Dubois au maire de Paris (Tuetey, id., art. 1183).

Une fois les lieux évacués par le Club des Jacobins, il semble que certaines parties des anciens bâtiments conventuels aient été loués à des particuliers :

  • Gendre, Claude-Joseph, marchand, cloitre des Jacobins, s. n° (1796).

Le 14 ventôse an 4 (4 mars 1796) a été baptisé Étienne-David, né hier, fils d’Étienne Gendre, marchand et de Marie-Adélaïde … (?) son épouse demeurant rue St Honoré, cloître des Jacobins, parrain David Pallebot ferblantier, marraine Marguerite Gillet, épouse du parrain (AH Arch. Paris, Saint-Roch, BMS, 1794-1796, p. 84).

  • Gillot, Jean-Claude, cloître des Jacobins (But.) (1796).

Le 6 germinal an 4 [26 mars 1796], a été baptisée Marie-Désirée, née hier, fille de Jean-Claude Gillot et de Marie-Anne Helet, son épouse, demeurant rue St Honoré, au cloitre des Jacobins, n°31, parrain Joseph Helet son oncle, marraine Françoise Pilon (AH Arch. Paris, Saint-Roch, BMS, 1794-1796, p. 88).

Bibliographie

  • Aulard, Alphonse, La société des Jacobins, recueil de documents pour l'histoire du Club des Jacobins de Paris, t. 1, Quantin, 1889, en particulier p. XXIII-XXVIII pour la description des lieux. Lire en ligne

Rejoindre la rue Saint-Honoré

Passer par la grande cour des Jacobins
Aller vers l'Ouest Aller vers l'Est
n°330 (Empire)
ou s'y rendre directement par le porche des Jacobins
n°328 (Empire)

Notes et références

  1. Jean de Rechac, dit de Sainte-Marie Vie du glorieux patriarche S. Dominique et de ses premiers seize compagnons avec la fondation de tous les couvents et monastères de l'un et l'autre sexe de toutes les provinces de France et des Pays-Bas, Paris, Sébastien Huré, 1647, p. 619-637. Lire sur Google Book
  2. Preston Perluss, « Les institutions religieuses et la vie des quartiers à Paris au XVIIIe siècle : les baux de chaises et le casuel des églises conventuelles », Thierry Belleguic & Laurent Turcot (dir.), Les Histoires de Paris (XVI-XVIIIe siècles), Paris, Hermann, 2013, t. 1, p. 140.
  3. Edme Verniquet (1727- Paris, 1804), architecte et topographe, est reconnu pour ses travaux au Jardin des Plantes sous la direction de Buffon, et pour la qualité graphique et la précision de son Atlas de Paris en 72 feuilles, dont ont été tirés plusieurs plans de Paris, en particulier [de 1791] qui fait référence (Voir notice Wikipedia).
  4. Georges-Louis Mouchelet (Paris, ca 1743-Paris,1807), architecte et inspecteur général des bâtiments civils, capitaine des volontaires au bataillon des Minimes (Capitaine au 2ème bataillon de la 6ème division de la Garde Nationale de Paris, Almanach Royal, 1791, p. 506) demeure 48 rue de l'Oseille en 1792-93, il est titulaire d'une carte de sûreté du 13 octobre 1792 (AN, F/7/4793, n°261) (Geneanet, Augustin Longueville).
  5. Un des PV d'expertise de ce cabinet précise qu'il se trouve « dans une pièce au second étage sur le jardin du cloître. » (Tuetey, Répertoire,..., t. 7, art. 327).
  6. Abbé Lebeuf, Fernand Bournon, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris - Rectifications et additions, Paris, Honoré Champion, 1901, t. 6, p. 52-53.
  7. Edmond-Alexis Dubois-Crancé, Analyse de la révolution française, Paris, Charpentier, 1885 , p. 51 Voir sur Gallica.
  8. A. de Lameth, Histoire de l'Assemblée Constituante, Paris, Moutardier, 1828, t. I, note 2, p. 422. Voir sur Gallica.
  9. Aubin-Louis Millin, « Le couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré », Monuments françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues, …, Paris, Volland, an XI, 1802, t. 1, fasc. IV, p. 53. Lire sur Gallica.
  10. Aubin-Louis Millin, « Le couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré », Monuments françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues, …, Paris, Volland, an XI, 1802, t. 1, fasc. IV, p. 53. Lire sur Gallica).
  11. L. r. Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, Paris, Hardouin et Gattey, 1787, t. 1, p. 152.
  12. Annales Patriotiques et littéraires, cité par Aulard, op. cit. p. LXXVII.
  13. « État des églises et chapelles appartenant à la Nation à faire fermer au désir de l'arrêté du directoire du département du 11 avril 1791 » (S. Lacroix, Actes de la Commune de Paris, 2ème série t. III, p. 575-576).
  14. Les négociations de la Société avec le département de Paris et la commune, ainsi que la teneur du bail sont présentés dans S. Lacroix, Actes de la Commune, 2ème série t. III, p. 613-615.
  15. Georges Dairnvell, Histoire des Jacobins, Paris, Depée 1846, t. 1, p. 109 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6215621r/f153.item.r=couvent Lire en ligne).